Dans l’attente – fébrile, il faut bien le dire – de la première encyclique du Pape Benoît XVI, nous souhaitons revenir en ce jour de l’Epiphanie – où nous adorons, avec les mages venus d’Orient, le Sauveur du monde –, sur l’important message du Saint Père le 1er janvier dernier, en la Journée Mondiale de la Paix.
Dans ce texte, une parole m’a personnellement beaucoup touché : « Tous les hommes appartiennent à une unique et même famille. La mise en avant exagérée de leurs différences contraste avec cette vérité fondamentale. Il faut retrouver la conscience d'avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante, pour pouvoir mettre en valeur au mieux les différences historiques et culturelles, sans s'opposer, mais en se concertant avec les personnes qui appartiennent aux autres cultures » (§ 6).
« Tous les hommes appartiennent à une unique et même famille… » Comme il est bon de laisser retentir cette parole dans notre cœur. Par delà les différences de races, de langues, de cultures, de traditions,… l’humanité sortie des mains de Dieu est UNE. UNE comme Dieu est UN. C’est parce que nous avons UN seul Dieu et Père que tous les hommes sont frères (cf. Ep 4.6).
Le Seigneur l’avait déjà dit à Abraham, le père des croyants : « En toi seront bénies TOUTES les familles de la terre. »(Gen 12. 3). Toutes les familles de la terre… Il n’est donc pas possible, on le voit, de justifier le moindre racisme, la moindre intolérance envers les hommes, par le moyen de la Bible. Bien au contraire, le Livre de la Genèse nous invite à considérer la Création de l’homme comme foncièrement bonne et bénie de Dieu ; le Livre de la Sagesse proclame quant à lui l’Amour de Dieu envers toutes ses créatures, sans exception :
« Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n'as de répulsion envers aucune de tes oeuvres, car tu n'aurais pas créé un être en ayant de la haine envers lui. Et comment aurait-il subsisté, si tu ne l'avais pas voulu ? Comment aurait-il conservé l'existence, si tu ne l'y avais pas appelé ? Mais tu épargnes tous les êtres, parce qu'ils sont à toi, Maître qui aimes la vie, toi dont le souffle impérissable anime tous les êtres. » (Sg 11. 24-26).
L’Ecriture Sainte, malgré les nombreuses violences qui y sont relatées et qui ne sont jamais révélatrices que de la dureté du cœur de l’homme, est fondamentalement un texte de Paix, un Livre qui nous révèle l’Amour éternel d’un Dieu qui « ne fait pas de différence entre les hommes ».
Saint Pierre, le premier Pape de l’histoire de l’Eglise, le proclame haut et fort dans les Actes des Apôtres : « En vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l'adorent et font ce qui est juste. Il a envoyé la Parole aux fils d'Israël, pour leur annoncer la paix par Jésus Christ : c'est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous » (Actes 10. 34-36).
C’est la raison pour laquelle Jésus est fondamentalement le Prince de la Paix. Sa naissance dans la crèche de Bethléem est interprétée par le chœur des Anges comme la descente de la Paix de Dieu sur cette terre : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime ». Par le don de l’Enfant Jésus, Dieu donne Sa paix à ce monde sans paix. « Dans cet Enfant, Dieu oppose sa bonté à la violence de ce monde et il nous appelle à suivre l’Enfant. » (Homélie de la nuit de Noël du Pape Benoit XVI).
Mais revenons au § 6 du message de ce 1er janvier 2006 : « Tous les hommes appartiennent à une unique et même famille. La mise en avant exagérée de leurs différences contraste avec cette vérité fondamentale. Il faut retrouver la conscience d'avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante, pour pouvoir mettre en valeur au mieux les différences historiques et culturelles, sans s'opposer, mais en se concertant avec les personnes qui appartiennent aux autres cultures. »
C’est la foi en Dieu qui permet d’entrer pleinement dans une démarche de Paix. Car la conscience d’une fraternité universelle ne peut s’enraciner durablement que dans la foi en un Dieu Créateur et Père de tous les hommes ; et les différences entre les hommes ne peuvent être véritablement dépassées que si l’on retrouve « la conscience d’avoir en commun une même destinée, en dernier ressort transcendante ». C’est donc la Vérité sur Dieu, et sur sa Bonté infinie envers toutes ses créatures, ainsi que la Vérité sur l’homme et sa destinée surnaturelle, qui sont les mieux à même de garantir au monde la Paix.
C’est ce qu’exprime notre Pape un peu plus loin dans son message du 1er janvier : « La reconnaissance de la pleine vérité de Dieu est la condition préalable et indispensable pour la consolidation de la vérité de la paix.
« Dieu est Amour qui sauve, Père aimant qui désire voir ses enfants se reconnaître entre eux comme des frères cherchant de manière responsable à mettre leurs différents talents au service du bien commun de la famille humaine.Dieu est source inépuisable de l'espérance qui donne sens à la vie personnelle et collective. Dieu, Dieu seul, rend efficace toute œuvre de bien et de paix » (§ 11).
A l’inverse, la négation de Dieu conduit inéluctablement à des situations de conflit et de guerre, voire à la négation de l’homme lui-même. « L'histoire a amplement démontré que faire la guerre à Dieu pour l'extirper du cœur des hommes conduit l'humanité, effrayée et appauvrie, vers des choix qui n'ont pas d'avenir » (§ 11).
L’Eglise « rappelle à tous que, pour être authentique et durable, la paix doit être construite sur le roc de la vérité de Dieu et de la vérité de l'homme. Seule cette vérité peut sensibiliser les esprits à la justice, les ouvrir à l'amour et à la solidarité, encourager tous les hommes à travailler pour une humanité réellement libre et solidaire. Oui, le fondement d'une paix authentique s'appuie seulement sur la vérité de Dieu et de l'homme. » (§ 15).
« Devant les risques que l'humanité vit à notre époque, il est du devoir de tous les catholiques d'intensifier, dans toutes les parties du monde, l'annonce et le témoignage de "l'Évangile de la paix"» (§ 11).