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23 mai 2007 3 23 /05 /mai /2007 18:02

Extraits du discours du Pape Benoît XVI au Corps diplomatique, le lundi 9 janvier 2006.

 

 

L’Église ne fait rien d’autre que de répandre le message du Christ, venu – comme l’écrit l’Apôtre Paul dans la Lettre aux Éphésiens – pour annoncer la paix à ceux qui étaient loin et à ceux qui étaient proches (cf. 2, 17). (…) La paix – nous le constatons douloureusement – reste en de nombreuses parties du monde entravée, blessée ou menacée. Quel est le chemin vers la paix? Dans le message que j’ai adressé pour la célébration de la Journée mondiale de la Paix de cette année, j’ai estimé pouvoir affirmer : « Là où l’homme se laisse éclairer par la splendeur de la vérité, il entreprend presque naturellement le chemin de la paix » (n. 3).

 

1. L’engagement pour la vérité est l’âme de la justice.

 

Celui qui est engagé pour la vérité ne peut pas ne pas refuser la loi du plus fort, qui vit de mensonge et qui, au niveau national et international, a tant de fois émaillé de tragédies l’histoire des hommes. Le mensonge se revêt souvent d’une apparente vérité, mais en réalité il est toujours sélectif et tendancieux, orienté de manière égoïste vers une instrumentalisation de l’homme et, en définitive, vers sa soumission. Des systèmes politiques du passé, mais non seulement du passé, en sont une preuve amère.

 

A l’opposé se situent la vérité et la véracité, qui portent à la rencontre d’autrui, à sa reconnaissance et à l’entente : par la splendeur qui lui est propre – la splendor veritatis –, la vérité ne peut pas ne pas se répandre ; et l’amour du vrai est, par son dynamisme intrinsèque, tout tourné vers une compréhension impartiale et équitable, et vers le partage, en dépit de toutes sortes de difficultés (…).

 

Ces considérations me semblent applicables en ce point névralgique de la scène mondiale que reste la Terre Sainte. L’État d’Israël doit pouvoir y exister pacifiquement, conformément aux normes du droit international ; le Peuple palestinien doit également pouvoir y développer sereinement ses institutions démocratiques pour un avenir libre et prospère (…).

 

De telles considérations peuvent s’appliquer de manière plus large dans le contexte mondial actuel [marqué par le choc des civilisations et par le terrorisme organisé] (…). Le terrorisme n’hésite pas à frapper des personnes innocentes, sans aucune distinction, ou à mettre à exécution des chantages inhumains, suscitant la panique de populations entières, dans le but de contraindre les responsables politiques à satisfaire les desseins des terroristes eux-mêmes. Aucune circonstance ne peut justifier cette activité criminelle, qui couvre d’infamie celui qui l’accomplit et qui est d’autant plus blâmable qu’elle se pare du bouclier d’une religion, rabaissant ainsi au niveau de son aveuglement et de sa perversion morale la pure vérité de Dieu (…).

 

2. L’engagement pour la vérité donne fondement et vigueur au droit à la liberté.

 

La grandeur singulière de l’être humain a sa racine ultime en ceci : l’homme peut connaître la vérité. Et l’homme veut la connaître. Mais la vérité peut seulement être atteinte dans la liberté. Cela vaut pour toutes les vérités, comme il ressort de l’histoire des sciences ; mais cela est vrai de manière éminente pour les vérités dans lesquelles est en jeu l’homme lui-même en tant que tel, les vérités de l’esprit : celles qui concernent le bien et le mal, les grandes finalités et perspectives de vie, la relation à Dieu. Car on ne peut les atteindre sans qu’en découlent de profondes conséquences pour la conduite de sa propre vie. Et une fois librement faites siennes, ces vérités ont ensuite besoin d’espaces de liberté pour pouvoir être vécues dans toutes les dimensions de la vie humaine (…).

 

À ce sujet, vous savez bien, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, que l’activité de la diplomatie du Saint-Siège est, par nature, tournée vers la promotion, dans les différents domaines où la liberté doit se réaliser, de l’aspect de la liberté de religion (…). Les droits fondamentaux de l’homme sont les mêmes sous toutes les latitudes ; et, parmi eux, une place de premier plan doit être reconnue au droit à la liberté de religion, parce qu’il concerne le rapport humain le plus important, le rapport à Dieu. À tous les responsables de la vie des Nations, je voudrais dire : si vous ne craignez pas la vérité, vous ne devez pas craindre la liberté. Le Saint-Siège, qui demande partout pour l’Église catholique des conditions de vraie liberté, le demande pareillement pour tous (…).

 

3. L’engagement pour la vérité ouvre la voie au pardon et à la réconciliation.

 

À la connexion indispensable entre l’engagement pour la vérité et la paix, on soulève une objection : les convictions différentes sur la vérité donnent lieu à des tensions, à des incompréhensions, à des débats, d’autant plus forts que les convictions elles-mêmes sont plus profondes. Au long de l’histoire, elles ont donné lieu à de violentes oppositions, à des conflits sociaux et politiques, et même à des guerres de religion. Cela est vrai, et l’on ne peut le nier; mais cela a toujours eu lieu en raison d’une série de causes concomitantes, qui n’ont que peu ou rien à faire avec la vérité ni avec la religion, et toujours en fait parce qu’on veut tirer profit de moyens en réalité inconciliables avec le pur engagement pour la vérité, ni avec le respect de la liberté demandée par la vérité. Et en ce qui la concerne de manière spécifique, l’Église catholique condamne les graves erreurs accomplies dans le passé, tant de la part d’une partie de ses membres que de ses institutions; et elle n’a pas hésité à demander pardon. L’engagement pour la vérité l’exige.

 

La demande de pardon et le don du pardon, qui est dû également – parce qu’est valable pour tous l’avertissement de Notre Seigneur : «Celui qui est sans péché, qu’il soit le premier à jeter la pierre» (cf. Jn 8, 7) – sont des éléments indispensables pour la paix. La mémoire en demeure purifiée, le cœur rasséréné, et le regard sur ce que la vérité exige pour développer des pensées de paix devient limpide. Je ne peux pas ne pas rappeler les paroles éclairantes de Jean-Paul II : « Il n’y a pas de paix sans justice, il n’y a pas de justice sans pardon » (Message pour la Journée mondiale pour la Paix, 1er janvier 2002).

 

(…) Parmi les grandes tâches de la diplomatie, il faut assurément entendre celle de faire comprendre à toutes les parties en conflit que, si elles aiment la vérité, elles ne peuvent pas ne pas reconnaître leurs erreurs – et non seulement celles des autres –, ni refuser de s’ouvrir au pardon, demandé et accordé. L’engagement pour la vérité – qui leur tient certainement à cœur – les convoque à la paix, à travers le pardon. Le sang versé ne crie pas vengeance, mais il appelle au respect de la vie et à la paix (…).

 

4. L’engagement pour la paix ouvre à des espérances nouvelles.

 

Car l’homme est capable de vérité ! Il l’est sur les grands problèmes de l’être, comme sur les grands problèmes de l’agir : dans la sphère individuelle et dans les relations sociales, au niveau d’un peuple comme de l’humanité entière. La paix, vers laquelle son engagement peut et doit le porter, n’est pas seulement le silence des armes ; bien plus, elle est une paix qui favorise la formation de nouveaux dynamismes dans les relations internationales, dynamismes qui, à leur tour, se transforment en facteurs de maintien de la paix elle-même. Et ils ne sont tels que s’ils répondent à la vérité de l’homme et de sa dignité. Et c’est pourquoi on ne peut parler de paix là où l’homme n’a même pas l’indispensable pour vivre dans la dignité.

 

Je pense ici aux foules innombrables de gens qui souffrent de la faim. Elle n’est pas une paix, la leur, même si ces populations ne sont pas en guerre : de la guerre, elles sont même des victimes innocentes. Viennent aussi spontanément à l’esprit les images bouleversantes des grands camps de personnes déplacées ou de réfugiés – en diverses parties du monde –, rassemblés dans des conditions précaires pour échapper à des conditions pires encore, mais ayant besoin de tout. Ces êtres humains ne sont-ils pas nos frères et nos sœurs ? Leurs enfants ne sont-ils pas venus au monde avec les mêmes attentes légitimes de bonheur que les autres ? Ma pensée se tourne aussi vers tous ceux que des conditions de vie indignes poussent à émigrer loin de leur pays et de leurs proches, dans l’espoir d’une vie plus humaine. Nous ne pouvons pas oublier la plaie du trafic de personnes, qui reste une honte pour notre temps (…).

 

La vérité veut qu’aucun des États prospères ne se soustraie à ses responsabilités et à son devoir d’aide, puisant avec une plus grande générosité dans ses propres ressources. Sur la base des données statistiques disponibles, on peut affirmer que moins de la moitié des immenses sommes globalement destinées aux armements serait plus que suffisante pour que l’immense armée des pauvres soit tirée de l’indigence, et cela de manière stable. La conscience humaine en est interpellée.

 

 

Lire le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI au Corps diplomatique, le 9 janvier 2006 

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