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16 décembre 2007 7 16 /12 /décembre /2007 00:00


Cher Christophe,

Après avoir tenté de te démontrer qu’il existe de bonnes raisons de croire en l'existence de Dieu, et en la vérité du monothéisme, du christianisme et du
catholicisme, il reste un sérieux obstacle à la foi en l’Eglise catholique, que tu ne manqueras pas de m’opposer : c’est la présence de pécheurs en son sein.

« On juge l’arbre à ses fruits, n’est-ce pas ? Eh bien cher Matthieu, quand on regarde l’Eglise, il y a vraiment de quoi se poser des questions ! Même à supposer que tu ais intellectuellement raison sur tous tes développements antérieurs, il me semble que tout se casse la figure à la seule évocation du mal dans l’Eglise, qui est une réalité que tu ne peux pas nier. Que ce soit l’égoïsme, la dureté de cœur, ou le fanatisme agressif manifesté par certains prêtres, religieux ou chrétiens de mon entourage ; que ce soit l'hypocrisie de leur attitude qui les conduit souvent à se trouver en contradiction flagrante avec les beaux principes moraux dont ils se prévalent par ailleurs ("faites-ce que je dis, mais pas ce que je fais!") ; que ce soit aussi l’aveuglement dont l’Eglise a fait preuve de par le passé dans son Histoire, avec les Croisades, l’Inquisition, l’affaire Galilée, ou les silences du Pape Pie XII durant la Seconde Guerre Mondiale,… le moins que l’on puisse dire, c’est que ton Eglise ne se distingue guère du reste du monde par sa « vertu »… Je pourrais donc, à la limite, croire en Jésus-Christ, oui, parce que selon toi, il est Dieu. Mais vraiment pas – désolé ! – dans l’Eglise catholique, parce qu’elle est trop humaine pour être divine ou sainte, ainsi que ses fidèles le prétendent, contre toute évidence… »

Outre qu’il faille se départir de jugements par trop hâtifs sur l’histoire de l’Eglise et du monde, dont la réalité est souvent bien plus complexe et nuancée qu’il n’y paraît, pour moi, la meilleure preuve que l’Eglise catholique est bien l’Eglise de Dieu, actuellement gouvernée par Jésus-Christ et conduite par l’Esprit Saint, c’est précisément qu’il n’y a plus aujourd’hui de Croisades, d’Inquisition, ou d’opposition bornée aux grandes découvertes de la science. L’Eglise, qui est une réalité organique, vivante, évolue et grandit en sainteté. Elle a ainsi sans doute plus fière allure aujourd’hui qu’au XIXe siècle, au XVIe siècle ou au Moyen-Âge. Et c’est dans le dynamisme même de cette croissance spirituelle que l’on peut discerner, je crois, l’oeuvre admirable de l’Esprit Saint.


Les catholiques peuvent être fiers de ce qu’est devenue aujourd’hui leur Eglise, et particulièrement de leurs derniers Papes : que l’on songe à Jean XXIII, Paul VI, ou Jean-Paul II, pour ne citer qu’eux. Les funérailles de ce dernier
ont d’ailleurs été à cet égard un sommet dans l’Histoire de l’Eglise, un moment unique où a pu se manifester au grand jour, sous le regard des caméras de télévision du monde entier, la vocation universelle de l’Eglise catholique à rassembler tous les hommes dans la Paix, par-delà les clivages politiques, raciaux, économiques ou religieux, qui déchirent habituellement l’humanité. Ceux qui rêvent d’une Religion mondiale qui transcende toutes les religions humaines, et qui rassemble tous les hommes dans une fraternité universelle de paix et d’amour, ceux-là peuvent se réjouir : cette religion existe, c’est la religion catholique !

Alors bien sûr, tout n’est pas parfait dans l'Eglise – loin s’en faut ! Si, dans la confession de notre foi, nous affirmons que l’Eglise est sainte, nous reconnaissons aussi qu’elle est composée de pécheurs, qu'elle est la sainte assemblée des pécheurs. Comme l’affirme le Décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II : « Bien que l’Eglise catholique ait été enrichie de la vérité révélée par Dieu ainsi que de tous les moyens de grâces, néanmoins ses membres n’en vivent pas avec toute la ferveur qui conviendrait (…). Il en résulte que le visage de l’Eglise resplendit moins aux yeux de nos frères séparés, ainsi que du monde entier, et la croissance du Royaume de Dieu est entravée ».

Les chrétiens, tous les chrétiens, leurs ministres y compris, doivent donc se regarder comme pécheurs. Car « si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n'est pas en nous » écrit l’Apôtre Jean dans sa Première lettre (1 Jn 1. 8). « En tous, dit encore le Catéchisme de l’Eglise Catholique, l’ivraie du péché se trouve encore mêlée au bon grain de l’Evangile jusqu’à la fin des temps. » (§ 827).

L’Eglise catholique n’est donc pas sainte en raison de la perfection morale de ses membres, mais parce qu’elle est le lieu où les hommes pécheurs obtiennent de Dieu, par le sang précieux du Christ - « saint, innocent et sans tâche » - diffusé en chaque âme par la grâce des sacrements, le don de leur sanctification : la rémission de leur péché, et l’effusion du Saint Esprit qui les transforme peu à peu à l'image du Fils Unique de Dieu. « L’Eglise rassemble donc des pécheurs saisis par le salut du Christ, mais toujours en voie de sanctification » et toujours appelés à se purifier, et à poursuivre leurs efforts de pénitence et de renouvellement pour faire grandir en eux l’amour (cf. Lumen Gentium, 8).


Faut-il se lamenter de la trop grande imperfection des membres de l'Eglise? Sans aucun doute. Car le péché de ceux qui se prétendent chrétiens reste pour le monde un contre-témoignage permanant et accablant. Combien d’hommes et de femmes se sont ainsi éloignés de l’Eglise en raison d’une blessure profonde causée, qui par un prêtre, qui par des parents à l’éducation trop rigide, qui par un fidèle indélicat ?

En même temps, que l’Eglise terrestre soit encore traversée par le péché et affrontée au mystère du mal est peut être aussi, paradoxalement, notre plus grande… « chance ». Car cela signifie que j’ai moi-même ma place dans cette Eglise, et qu’il ne m’est pas nécessaire d’être parfait pour y entrer ; qu’il m’est possible, AUJOURD’HUI et tel que je suis, de servir et aimer Jésus-Christ avec tous mes frères chrétiens. Comme me disait un jour un prêtre, avec un solide bon sens : « Une communauté parfaite ? Ca n’existe pas ! Et quand bien même ça existerait, le jour où tu y entres, ça n’existe plus ! »

Aux Jeunes réunis au Marienfeld de Cologne, lors des JMJ de l’année 2005, le Pape Benoît XVI parlait ainsi de l'Eglise : « Nous le savons, et le Seigneur lui-même nous l’a dit : elle est un filet avec de bons et de mauvais poissons, un champ avec le bon grain et l’ivraie.

« Le Pape Jean-Paul II, qui, dans les nombreux saints qu’il a proclamés, nous a montré le vrai visage de l’Église, a aussi demandé pardon pour tout ce qui s’est produit de mal dans le cours de l’histoire, en raison de l’action et de la parole d’hommes d’Église. De cette manière, il nous a aussi fait voir notre vraie image et il nous a exhortés à entrer avec tous nos défauts et toutes nos faiblesses dans le cortège des saints, qui a commencé avec les Mages d’Orient.

« En définitive, que l’ivraie existe dans l’Église est consolant. Ainsi, avec tous nos défauts, nous pouvons néanmoins espérer nous trouver encore à la suite de Jésus, qui a précisément appelé les pécheurs. L’Église est comme une famille humaine, mais elle est aussi, en même temps, la grande famille de Dieu, par laquelle Il forme un espace de communion et d’unité dans tous les continents, dans toutes les cultures et dans toutes les nations. Nous sommes donc heureux d’appartenir à cette grande famille ; nous sommes heureux d’avoir des frères et des amis dans le monde entier. Nous faisons précisément l’expérience, ici, à Cologne, du fait qu’il est beau d’appartenir à une famille vaste comme le monde, qui comprend le ciel et la terre, le passé, le présent et l’avenir, et toutes les parties de la terre. Dans ce grand rassemblement de pèlerins, nous marchons avec le Christ, nous marchons avec l’étoile qui éclaire l’histoire. »

Voilà, cher Christophe. J’ai été heureux de t’écrire ces quelques articles pour te répondre. J’espère, à défaut de te convaincre, qu’ils t’auront aidé à mieux comprendre la démarche du croyant qui choisit de fonder son existence sur le roc de la foi en Jésus-Christ, et de la vivre au sein de l’Eglise catholique.

Tu vois maintenant qu’il ne te reste plus qu’à pousser la porte de ton église la plus proche...

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commentaires

M
Merci, je connaissais cette vidéo. L'histoire ne révèle pas, malheureusement, la sentence finale du jugement. On ne sait pas si Jésus va envoyer ou non Jean-Paul II en enfer. C'est dommage! Parce que si Jésus sauve le Pape à cause de sa foi en lui, alors... votre vidéo tombe à l'eau : on ne voit pas l'intérêt du message (si ce n'est sans doute de faire progresser la cause oecuménique...). Si Jésus en revanche condamne le Pape à l'enfer éternel (comme le laisserait entendre le "Dehors les idôlatres!" opposé à l'invocation de la Vierge Marie), c'est donc que la foi en Christ ne suffit pas pour être sauvé : il faut encore les oeuvres...Plus sérieusement, je vous invite à lire et méditer ce très édifiant article : http://www.philoreligion.com/article-19335350.html
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I
Je vous invite à aller voir sur youtube la vidéo qui s'intitule Jésus discute avec le pape. Il serait intéressant de connaître votre point de vue à ce sujet (elle se trouve sur mon blog dans le libellé Fiction, le billet recto/verso
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M
Une intéressante réflexion du Père Xavier Cormary sur les apports du christianisme à notre société contemporaine, qui prolongera utilement notre série d'articles sur la vérité de la foi :http://icthus.over-blog.com/article-14494648.html
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