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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 08:52

Texte de la Newsletter n°9 (publiée le 12 septembre 2010) du Groupe Facebook consacré à l'oeuvre de Claude Tresmontant, l'un des plus grands métaphysiciens du siècle passé – qui réfuta magistralement l'athéisme.

 

Les philosophes qui affirment que le monde qui nous entoure est une illusion – que la réalité authentique, c’est le Brahman, ou l’Un ou la Substance (selon le nom qu’on lui donne) – ces philosophes doivent affronter une difficulté majeure : il leur faut nous expliquer la cause d’être de cette illusion dans laquelle nous nous trouvons plongés. Pourquoi donc, si l’Être est UN, existe-t-il en apparence des êtres multiples qui n’ont pas conscience d’être l’UN ? Pourquoi le torturé ne sait-il pas qu’il forme avec son bourreau un seul et même être ? Pourquoi ce sentiment très vif dans l’esprit du torturé que sa torture n’est pas une illusion… Si l’Un est bien l’Unique, c’est en lui qu’il faut rechercher la cause de l’illusion. « Puisque seul l’Un existe, cette illusion est en réalité la sienne. L’illusion qui est la nôtre est l’illusion de l’Un. Le fait que nous soyons tombés ou déchus dans l’illusion, c’est le fait de l’Un. » (Claude Tresmontant, in Les Métaphysiques principales, Ed. François-Xavier de Guibert, p. 173).

 

Au commencement donc, il y a l’Un. L’Âme universelle. L’Être absolu, éternel, sans genèse et sans évolution. Dans la 4e Ennéade (8, 1 et s.), Plotin se demande comment l’Âme universelle a bien pu venir à l’intérieur de nos corps. Il voit deux explications possibles. La première, c’est celle d’une Chute de l’Un. L’Âme universelle est tombée dans le monde du multiple et de la matière ; elle s’est divisée, fragmentée, parcellisée. L’Âme depuis lors se trouve enchaînée ; elle est comme ensevelie. C’est la théorie de l’individuation par la matière. « L’Âme universelle qui est divine est unique. Mais elle est descendue ou tombée dans la matière ou la matérialité, qui est le principe du multiple. Et c’est ainsi que se sont constituées les âmes particulières, singulières, individuelles, selon les apparences du moins. » (op.cit., p. 174). La deuxième explication, c’est qu’après la Chute, l’Âme morcelée fait ce qui est mal...

 

Cette pensée qui nous vient de l’Inde ancienne était aussi celle des divers systèmes gnostiques qui proliféraient aux premiers siècles de notre ère. Elle a considérablement influencée la métaphysique d’Origène d’Alexandrie : « Origène expliquait que la première Création, la création originelle, était purement spirituelle. Les substances spirituelles pures et nues s’étaient séparées de l’Unité originelle, et ainsi s’était produite la chute qui a causé cet univers physique, divers et multiple. La matérialité de l’Univers physique est le résultat, la conséquence d’une chute. Les substances spirituelles pures et nues sont descendues dans des corps mauvais. L’individualisation des substances spirituelles et leur matérialité, leur incorporation, sont un unique et même processus, qui est une chute, une descente dans la matière » (op.cit., p. 176).

 

La conséquence de cette doctrine est double : d’une part, si nous sommes tous une parcelle de l’Âme universelle, si les âmes particulières résultent de l’individuation de Brahman, alors chacune de nos âmes est divine – l’âme individuelle est identique à l’Âme universelle. « Ce suprême Brahman, Atman universel, grande demeure de tout ce qui existe, plus subtil que le subtil, constant, il est toi en vérité, et toi en vérité tu es lui » (Kaivalyopanishad, 16). Notre âme existait donc avant la naissance de notre moi actuel, et elle existera encore après notre mort, pour l’éternité. Elle migre de corps en corps tant que dure sa captivité dans ce monde.

 

La deuxième conséquence, c’est le mépris des choses de la terre, de la chair, de la matière : « Ô Seigneur ! dans ce corps insubstantiel et puant, magma d’os, de peau, de muscles, de larmes, de chassie, d’excréments, d’urine, de bile et de phlegme, à quoi bon la satisfaction des désirs ? » (Maitry Upanishad, I, 3).

 

 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 11:42

« Un peu de science éloigne de Dieu,

mais beaucoup y ramène. »

(Louis Pasteur, chimiste et physicien, 1822-1895)

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12 septembre 2010 7 12 /09 /septembre /2010 10:43

Logo Terre SainteExtrait de l’entretien final du Pape Benoît XVI avec les journalistes qui ont couverts son pèlerinage en Terre Sainte, lors du vol retour de Tel Aviv à Rome, le 15 mai 2009.

 

Chers amis,

 

Merci de votre travail. J'imagine que cela a été difficile, étant donné les si nombreux problèmes qui l'ont accompagné, les si nombreux déplacements, etc. et je voudrais vous remercier pour avoir accepté toutes ces difficultés afin d'informer le monde sur ce pèlerinage, en invitant ainsi également d'autres personnes au pèlerinage dans ces lieux saints (…).

 

[De ce voyage,] je pourrais peut-être faire quelques brèves observations. Les impressions fondamentales sont au nombre de trois : la première est que j'ai trouvé partout, dans tous les milieux, musulmans, chrétiens, juifs, une ferme disponibilité au dialogue interreligieux, à la rencontre, à la collaboration entre les religions. Et il est important que tous voient cela, non seulement comme une action – disons – inspirée par des motifs politiques dans la situation donnée, mais comme le fruit du même noyau de la foi, parce que croire en un Dieu unique qui nous a tous créés, notre Père à tous, croire en ce Dieu qui a créé l'humanité comme une famille, croire que Dieu est amour et veut que l'amour soit la force dominante dans le monde, implique cette rencontre, cette nécessité de la rencontre, du dialogue, de la collaboration comme exigence de la foi elle-même.

 

Deuxième point : j'ai également trouvé un climat œcuménique très encourageant. Nous avons eu beaucoup de rencontres avec le monde orthodoxe dans une grande cordialité ; j'ai pu également parler avec un représentant de l'Eglise anglicane et deux représentants luthériens, et il semble bien que ce climat de la Terre Sainte encourage également l'œcuménisme.

 

Et troisième point : il y a de grandes difficultés – nous le savons, nous l'avons vu et ressenti. Mais j'ai vu également qu'il y a un profond désir de paix de la part de tous. Les difficultés sont plus visibles et nous ne devons pas les cacher ; elles existent, elles doivent être mises au clair. Mais le désir commun de la paix, de la fraternité n'est pas aussi visible, et il me semble que nous devons également parler de celui-ci, encourager chacun dans cette volonté de trouver des solutions, qui sont assurément loin d'être faciles, à ces difficultés.

 

Je suis venu en pèlerin de paix. Le pèlerinage est un élément essentiel de beaucoup de religions. Il l'est également de l'islam, de la religion juive, du christianisme. C'est aussi l'image de notre existence, qui marche en avant, vers Dieu et ainsi vers la communion de l'humanité.

 

Je suis venu en pèlerin et je souhaite que beaucoup de personnes suivent ces traces et encouragent ainsi l'unité des peuples dans cette Terre Sainte et deviennent à leur tour des messagers de paix. Merci!

 

 

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 18:54

 

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 18:39

 

Logo Terre SainteExtrait du discours du Pape Benoît XVI à l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, à son départ de Terre Sainte, le vendredi 15 mai 2009, jour anniversaire de la création de l’Etat d’Israël.

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Premier Ministre,

Excellences,

Mesdames et Messieurs,

 

TS - DépartAlors que je me prépare à regagner Rome, je voudrais partager avec vous quelques-unes des impressions les plus profondes que ce pèlerinage en Terre Sainte me laissent (…). Cette terre est véritablement un terrain fertile pour l’œcuménisme et le dialogue interreligieux, et je prie pour que la riche diversité du témoignage religieux en cette région porte des fruits accrus de compréhension et de respect mutuels.

 

Monsieur le Président, vous et moi avons planté un olivier dans votre résidence le jour de mon arrivée en Israël. L’olivier, vous le savez, est une image que Saint Paul utilise pour décrire les relations très étroites qui unissent Chrétiens et Juifs. Dans sa Lettre aux Romains, Paul décrit comment l'Église des Gentils est comme un rameau d’olivier sauvage, greffé sur l’olivier franc qui est le Peuple de l’Alliance (cf. 11, 17-24). Nous sommes nourris par les mêmes racines spirituelles. Nous nous rencontrons comme des frères, des frères qui, parfois, au cours de notre Histoire, ont eu des relations tendues, mais qui sont maintenant fermement engagés à construire des ponts d’amitié durable.

 

La cérémonie au Palais présidentiel a été suivie par un des moments les plus solennels de mon séjour en Israël, ma visite au Mémorial de l’Holocauste à Yad Vashem, où j’ai présenté mes respects aux victimes de la Shoah. J’y ai aussi rencontré quelques-uns des survivants. Ces rencontres profondément émouvantes m’ont rappelé les moments de ma visite, il y a trois ans, au camp de la mort d’Auschwitz, où tant de Juifs – mères et pères, maris et épouses, fils et filles, frères et sœurs, amis – étaient brutalement exterminés par un régime sans Dieu qui propageait une idéologie d’antisémitisme et de haine. Ce chapitre épouvantable de l’Histoire ne doit jamais être oublié ni être nié. Bien au contraire, ces sombres souvenirs devraient renforcer notre détermination à nous rapprocher les uns des autres comme les branches d’un même olivier, nourris par les mêmes racines et unis dans un amour fraternel.

 

Monsieur le Président, je vous remercie de votre hospitalité cordiale qui a été hautement appréciée et je désire que l’on se souvienne que je suis venu visiter ce pays comme un ami des Israéliens, tout comme je suis un ami du Peuple Palestinien. Des amis ont plaisir à passer du temps ensemble et ils ont beaucoup de peine à voir la souffrance de l’autre. Aucun ami des Israéliens et des Palestiniens ne peut ne pas se sentir attristé par les tensions continuelles qui existent entre vos deux peuples. Aucun ami ne peut ne pas pleurer devant les souffrances et les pertes en vies humaines que les deux peuples endurent depuis six décennies. Permettez-moi de lancer cet appel à tous les peuples de ces lieux : Plus de sang versé ! Plus de combats ! Plus de terrorisme ! Plus de guerre ! Au contraire, engageons-nous à briser le cercle vicieux de la violence. Que règne une paix durable basée sur la justice, et que viennent une réconciliation authentique et une pacification ! Puisse être reconnu universellement que l’Etat d’Israël a le droit d’exister, de jouir de la paix et de la sécurité à l’intérieur de frontières reconnues internationalement ! De même puisse être reconnu le droit du Peuple Palestinien à une patrie souveraine et indépendante pour y vivre dans la dignité et se déplacer librement ! Puisse la solution des deux Etats devenir une réalité, et ne pas demeurer seulement un rêve ! Et puisse la paix se répandre au-delà de ces terres, qu’elles deviennent « lumière des Nations » (Is 42, 6), portant l’espérance aux autres régions, si nombreuses, affectées par des conflits !

 

L’une des visions les plus tristes de ma visite dans ces terres a été celle du mur. Tandis que je le longeais, je priais pour un avenir où les peuples de la Terre Sainte pourront vivre ensemble dans la paix et l’harmonie sans éprouver le besoin de tels instruments de sécurité et de séparation, mais plutôt en se respectant et en ayant confiance les uns envers les autres, en renonçant à toutes formes de violence et d’agression. Monsieur le Président, je sais combien il sera difficile d’atteindre ce but. Je sais combien difficile est votre tâche, ainsi que celle de l’Autorité Palestinienne. Mais je vous assure que mes prières et les prières des Catholiques du monde entier vous entourent tandis que vous continuez vos efforts pour construire une paix juste et durable dans cette région (…).

 

Je vous dis à tous : merci et que Dieu soit avec vous. Shalom !

 

 

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 23:00

Logo Terre SainteExtrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI dans la Basilique du Saint Sépulcre à Jérusalem, le 15 mai 2009.

 

Chers amis dans le Christ,

 

L’hymne de louange que nous venons de chanter nous unit aux anges et à l'Église de tous les temps et de tous les lieux – à « la glorieuse compagnie des Apôtres, à la noble assemblée des Prophètes et au cortège des Martyrs vêtus de la robe blanche » - rendant ainsi gloire à Dieu pour l’œuvre de notre rédemption, accomplie à travers la Passion, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Devant ce Saint Sépulcre, où le Seigneur « a vaincu le pouvoir de la mort et ouvert aux croyants le Royaume des cieux », je vous salue tous, dans la joie de ce temps pascal (…).

 

L’Évangile de Saint Jean, nous a laissé un récit qui évoque la visite de Pierre et du disciple bien-aimé au tombeau vide, le matin de Pâques. Aujourd’hui, à près de vingt siècles de distance, le Successeur de Pierre, Évêque de Rome, se tient devant ce même tombeau vide et contemple le mystère de la Résurrection. Suivant les pas de l’Apôtre, je désire proclamer encore, aux hommes et aux femmes de notre temps, la foi inébranlable de l'Église : Jésus Christ « a été crucifié, est mort et a été enseveli », et « le troisième jour il est ressuscité des morts ». Exalté à la droite du Père, il nous a envoyé son Esprit pour le pardon des péchés. En dehors de lui, que Dieu a fait Seigneur et Christ, « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous puissions être sauvés » (Ac 4, 12).

 

Devant ce lieu saint, et méditant cet événement prodigieux, comment ne pas « avoir le cœur transpercé » (Ac 2, 37), tout comme ceux qui les premiers entendirent la prédication de Pierre le jour de la Pentecôte ? Ici, le Christ est mort et est ressuscité pour ne plus jamais mourir. Ici, l’Histoire de l’humanité a été changée de manière décisive. Le long règne du péché et de la mort a été brisé en morceaux par le triomphe de l’obéissance et de la vie ; le bois de la Croix expose à nue la vérité concernant le bien et le mal ; le Jugement de Dieu a été rendu sur ce monde et la grâce de l’Esprit Saint s’est répandue sur l’humanité. Ici, le Christ, nouvel Adam, nous a montré que le mal n’a jamais le dernier mot, que l’amour est plus fort que la mort, que notre avenir, l’avenir de toute l’humanité, est entre les mains d’un Dieu fidèle et bon.

 

Le tombeau vide nous parle d’espérance, de l’espérance qui ne déçoit pas parce qu’elle est don de l’Esprit de vie (cf. Rm 5, 5). C’est là le message que je désire vous laisser aujourd’hui, à la fin de mon pèlerinage en Terre Sainte. Que l’espérance se lève, toujours nouvelle, par la grâce de Dieu, dans le cœur de toutes les personnes qui demeurent sur ces terres ! Puisse-t-elle prendre racine dans vos cœurs, être l’hôte de vos familles et de vos communautés, et inspirer chacun de vous pour rendre un témoignage toujours plus fidèle au Prince de la Paix ! L'Église en Terre Sainte, qui a si souvent fait l’expérience de l’obscur mystère du Golgotha, ne doit jamais cesser d’être l’intrépide héraut du lumineux message d’espérance que le tombeau vide proclame. L’Évangile nous enseigne que Dieu peut faire toutes choses nouvelles, que l’histoire ne se répète pas, que les mémoires peuvent être guéries, que les fruits amers de la récrimination et de l’hostilité peuvent être dépassés, et qu’un avenir de justice, de paix, de prospérité et de coopération peut se lever pour tout homme et pour toute femme, pour la famille humaine tout entière, et d’une manière particulière pour le peuple qui demeure sur cette terre si chère au cœur du Sauveur.

 

Cette antique église de l’Anástasis rend un témoignage muet aussi bien aux lourdeurs de notre passé, avec ses erreurs, ses incompréhensions et ses conflits, qu’à la promesse de gloire qui continue de rayonner du tombeau vide du Christ. Ce lieu saint, où la puissance de Dieu s’est manifestée dans la faiblesse, où les souffrances humaines ont été transfigurées en gloire divine, nous invite à tourner encore notre regard de foi vers la face du Seigneur crucifié et ressuscité. En contemplant sa chair glorifiée, complètement transfigurée par l’Esprit, nous parvenons à réaliser plus pleinement que même maintenant, par le Baptême, « nous portons partout et toujours en notre corps les souffrances de mort de Jésus, pour que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps » (2 Co 4, 10-11). Même maintenant, la grâce de la résurrection est à l’œuvre en nous ! Puisse la contemplation de ce mystère stimuler nos efforts, au niveau personnel tout comme dans la communauté ecclésiale, en vue d’une croissance dans la vie selon l’Esprit par la conversion, la pénitence et la prière ! Puisse-t-elle nous aider à surmonter, par la puissance de ce même Esprit, les conflits et les tensions qui viennent de la chair et enlever les obstacles, aussi bien intérieurs qu’extérieurs, qui entravent notre progression dans le témoignage commun rendu au Christ et à la puissance de réconciliation de son amour.

 

Avec ces paroles d’encouragement, chers amis, s’achève mon pèlerinage sur les lieux saints de notre Rédemption et de notre renaissance dans le Christ. Je prie pour que l'Église en Terre Sainte tire toujours une nouvelle vigueur de sa contemplation du tombeau vide du Sauveur. Dans ce tombeau, elle est appelée à ensevelir toutes ses inquiétudes et ses craintes, afin de ressusciter chaque jour et de continuer son pèlerinage à travers les rues de Jérusalem, sur les route de Galilée et au-delà, proclamant le triomphe du pardon du Christ et de la promesse de la vie nouvelle. Comme chrétiens, nous savons que la paix à laquelle aspire cette terre déchirée a un nom : Jésus Christ. « Il est notre paix », lui qui nous a réconciliés avec Dieu en un seul corps, par la Croix, mettant fin à la haine (cf. Ep 2, 14). Déposons donc entre ses mains toute notre espérance pour l’avenir, tout comme, à l’heure des ténèbres, il remit son esprit entre les mains du Père.

 

Permettez-moi de conclure par un mot d’encouragement particulier pour mes frères les Évêques et les prêtres, ainsi que pour les personnes consacrées, hommes et femmes, qui servent l'Église bien-aimée en Terre Sainte. Ici, devant le tombeau vide, au cœur même de l'Église, je vous invite à rallumer l’enthousiasme de votre consécration au Christ et de votre engagement à servir avec amour son Corps mystique. A vous, revient l’immense privilège de rendre témoignage au Christ, dans la terre qu’il a sanctifiée par sa présence et son ministère. Par votre charité pastorale, permettez, à vos frères et sœurs, à tous les habitants de cette terre, de sentir la présence réconfortante et l’amour qui réconcilie du Ressuscité. Jésus demande à chacun de nous d’être des témoins d’unité et de paix auprès de tous ceux qui vivent dans cette Ville de la Paix. Nouvel Adam, le Christ est la source de l’unité à laquelle la famille humaine tout entière est appelée, unité dont l'Église est le signe et le sacrement. Agneau de Dieu, il est la source de la réconciliation qui est à la fois don de Dieu et tâche qui nous est confiée. Prince de la Paix, il est la source de cette paix qui transcende toute négociation, la paix de la Jérusalem nouvelle. Qu’il vous soutienne dans les épreuves, qu’il vous apporte réconfort dans les peines, et qu’il vous confirme dans vos efforts pour proclamer et faire grandir son Royaume !

 

St-Sepulcre.jpg

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 15:48

Logo Terre SainteExtrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI au Patriarche grec-orthodoxe de Jérusalem, en la Chapelle de la Délégation apostolique de Jérusalem, le 15 mai 2009.

 

Chers Frères et Sœurs dans le Christ,

 

C’est avec une profonde et joyeuse gratitude que j’accomplis cette visite au Patriarcat Grec Orthodoxe de Jérusalem ; c’est un moment que j’attendais depuis longtemps (…).

 

Ce matin, j’ai en mémoire les rencontres historiques qui ont eu lieu ici à Jérusalem entre mon prédécesseur le Pape Paul VI et le Patriarche œcuménique Athénagoras Ier, ainsi qu’entre le Pape Jean-Paul II et Sa Béatitude le Patriarche Diodoros. Ces rencontres, y compris la mienne aujourd’hui, ont une grande portée symbolique. Elles rappellent que la lumière de l’Orient (cf. Is 60, 1 ; Ap 21, 10) a illuminé le monde entier au moment précis où l’« astre » nous a visité (Lc 1, 78) ; elles nous rappellent également que c’est à partir d’ici que l’Évangile a été enseigné à toutes les nations.

 

En nous tenant en ce lieu sacré, à côté de l’Église du Saint-Sépulcre, qui marque le lieu où notre Seigneur crucifié se releva d’entre les morts pour toute l’humanité, et proche du Cénacle, où le jour de la Pentecôte « ils se trouvaient réunis tous ensemble » (Ac 2, 1), qui pourrait ne pas se sentir poussé à déployer la meilleure bonne volonté, la plus grande érudition et le plus ferme désir spirituel en faveur du devoir œcuménique ?

 

(…) Ce fut une joie particulière pour nos Églises que la participation du Patriarche Œcuménique de Constantinople, Sa Sainteté Bartholoméos Ier, au récent Synode des Évêques consacré au thème de « La parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église ». L’accueil chaleureux qu’il a reçu et son intervention touchante furent des expressions sincères de la joie spirituelle profonde qui jaillit de l’étendue de la communion déjà existante entre nos Églises. Une telle expérience œcuménique porte clairement témoignage du lien entre l’unité de l’Église et sa mission. En étendant ses bras sur la Croix, Jésus a révélé l’amplitude de son désir d’attirer tous les hommes à lui, les unissant à lui pour qu’ils ne fassent plus qu’un (cf. Jn 12, 32). Répandant son Esprit sur nous, il a dévoilé son pouvoir de nous rendre capables de participer à sa mission de réconciliation (cf. Jn 19, 30 ; 20, 22-23). Dans ce souffle, à travers la rédemption qui unie, tient notre mission ! C’est alors une petite merveille, lorsque, dans notre désir brûlant de porter le Christ aux autres, de faire connaître son message de réconciliation (cf. 2 Co 5, 19), nous éprouvons la honte de nos divisions. Cependant, envoyés par le Christ dans le monde (cf. Jn 20, 21), fortifiés par la puissance d’unité qu’est le Saint Esprit (ibid. v.22), proclamant la réconciliation qui conduit chacun à croire que Jésus est le Fils de Dieu (ibid. v.31), nous trouverons l’énergie pour redoubler nos efforts pour parfaire notre communion, pour la rendre totale, pour porter un témoignage commun à l’amour du Père qui envoie son Fils afin que le monde puisse connaître son amour pour nous (cf. Jn 17, 23).

 

Il y a près de deux mille ans, dans ces mêmes rues, un groupe de grecs fit cette demande à Philippe : « Nous voudrions voir Jésus » (Jn 12, 22). C’est une demande qui nous est faite aujourd’hui, ici à Jérusalem, en Terre Sainte, dans cette région et partout dans le monde. Comment allons-nous répondre ? Notre réponse est-elle entendue ? Saint Paul nous alerte sur notre grave responsabilité de répondre, sur notre mission d’enseigner et sur celle de prêcher. Il dit : « La foi naît de ce qu’on entend ; et ce qu’on entend, c’est l’annonce de la parole du Christ » (Rm 10, 17). Il est donc impératif que les responsables chrétiens et leurs communautés rendent un témoignage vibrant de ce que notre foi proclame : la Parole éternelle, qui est entrée dans le temps et l’espace de cette terre, Jésus de Nazareth, qui a marché dans ces rues, par ses enseignements et ses actions appelle les hommes de toutes les époques à entrer dans sa vie de vérité et d’amour.

 

Chers amis, alors que je vous encourage à annoncer joyeusement le Christ ressuscité, je souhaite aussi saluer le travail accompli à cette fin par les Chefs des Communautés chrétiennes, qui se rencontrent régulièrement dans cette ville. Il me semble que le plus grand service que les chrétiens de Jérusalem puissent offrir à leurs concitoyens est l’éducation d’une future génération de chrétiens bien formés et engagés, sérieux dans leur désir de contribuer généreusement à la vie civique et religieuse de cette ville unique et sainte. La priorité fondamentale de tout responsable chrétien est de nourrir la foi des personnes et des familles confiées à sa sollicitude pastorale. Ce souci pastoral commun assurera que vos rencontres régulières sont marquées par la sagesse et la charité fraternelle nécessaires pour vous soutenir les uns les autres et pour partager à la fois les joies et les difficultés particulières qui marquent la vie de votre peuple. Je prie afin que les aspirations des chrétiens de Jérusalem soient comprises comme concordantes avec les aspirations de tous ses habitants quelles que soient leurs religions : l’exercice de la liberté religieuse, la coexistence pacifique et – pour les jeunes en particulier – un accès ouvert à l’enseignement et à l’emploi, la possibilité de trouver des logements convenables, en particulier pour les familles, et l’opportunité de bénéficier et de contribuer à la stabilité économique.

 

 

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8 septembre 2010 3 08 /09 /septembre /2010 13:25

Logo Terre SainteExtrait de l’homélie du Pape Benoît XVI prononcée lors de la cérémonie des Vêpres avec les Evêques, les Prêtres, les consacrés et les mouvements ecclésiaux, dans la Basilique supérieure de l’Annonciation à Nazareth, le 14 mai 2009.

 

Chers Frères Évêques,

Révérend Père Custode,

Chers Frères et Sœurs dans le Christ,

 

Il est très émouvant pour moi de me trouver avec vous, aujourd’hui, en ce lieu où le Verbe de Dieu s’est fait chair et où il est venu habiter parmi nous. Et comme il est bon que nous nous rassemblions ici pour chanter la prière vespérale de l'Église, rendant à Dieu louange et action de grâce pour les merveilles qu’il a accomplies envers nous ! (…) En ce lieu où Jésus lui-même a grandi jusqu’à l’âge adulte et a appris l’hébreu, je salue les Chrétiens de langue hébraïque, qui nous rappellent les racines juives de notre foi.

 

Ce qui est arrivé ici à Nazareth, loin des yeux du monde, est un acte singulier de Dieu, une intervention puissante dans le cours de l’Histoire, par laquelle un enfant a été conçu pour apporter le Salut au monde entier. La merveille de l’Incarnation ne cesse pas de nous mettre au défi et de nous inviter à ouvrir notre esprit aux possibilités sans limites de la puissance transformante de Dieu, de son amour pour nous, de son désir d’union avec nous. Ici, le Fils éternel et bien-aimé est devenu homme et pour nous, ses frères et ses sœurs, il est devenu possible d’avoir part à sa filiation divine. Ce mouvement d’amour qui s’abaisse et s’anéantit a rendu possible le mouvement d’exaltation par lequel nous sommes élevés au point de partager la vie de Dieu lui-même (cf. Ph 2, 6-11).

 

L’Esprit qui « est venu sur Marie » (cf. Lc 1, 35), est le même Esprit qui planait sur les eaux à l’aube de la Création (cf. Gn 1,2). Cela nous rappelle que l’Incarnation est un acte de nouvelle Création. Quand notre Seigneur Jésus Christ a été conçu dans le sein virginal de Marie, Dieu s’est uni à notre humanité créée, entrant alors dans une nouvelle relation permanente avec nous et inaugurant une nouvelle Création. Le récit de l’Annonciation nous montre l’extrême délicatesse de Dieu. Il ne s’impose pas, il ne fait simplement que prédéterminer le rôle que Marie va jouer dans son plan de Salut, il sollicite d’abord son consentement. Dans l’acte premier de la Création, il ne pouvait évidemment pas y avoir place pour un consentement de ses créatures, mais pour cette nouvelle Création, c’est ce qu’il fait. Marie représente toute l’humanité. Elle parle en notre nom à tous lorsqu’elle répond à l’invitation de l’ange. Saint Bernard décrit comment toute la cour céleste était suspendue, dans l’attente de son consentement qui devait consommer l’union nuptiale entre Dieu et l’humanité. L’attention de tous les chœurs d’anges était rivée sur ce lieu, où un dialogue s’établit à partir duquel s’écrivit un chapitre nouveau et définitif, de l’Histoire du monde. Et Marie dit : « Qu’il m’advienne selon ta parole ! ». Et le Verbe de Dieu se fit chair.

 

Quand nous réfléchissons sur ce mystère joyeux, cela nous met dans l’espérance, dans l’espérance certaine que Dieu continue à nous rejoindre dans notre Histoire, qu’il continue d’agir avec une puissance créatrice afin d’atteindre des buts qui, à vues humaines, semblent impossibles. Nous sommes mis au défit de nous ouvrir à l’action transformante de l’Esprit Créateur qui fait de nous des êtres nouveaux, qui nous fait un avec lui, et nous remplit de sa vie. Et nous sommes invités, avec une exquise courtoisie, à donner notre consentement à sa venue en nous, à accueillir le Verbe de Dieu dans nos cœurs, pour que nous soyons rendus capables de répondre à son amour et de nous ouvrir à l’amour les uns envers les autres.

 

Dans l’État d’Israël et dans les Territoires Palestiniens, les Chrétiens sont une minorité de la population. Peut-être vous arrive-t-il parfois de penser que votre voix compte peu. Un grand nombre de vos frères chrétiens ont émigré, espérant trouver ailleurs plus de sécurité et de meilleures perspectives. Votre situation fait penser à celle de la jeune Vierge Marie, qui menait une vie cachée à Nazareth, avec bien peu de moyens humains en termes de richesse et d’influence. Et pourtant, si nous reprenons les paroles de Marie dans son splendide hymne de louange, le Magnificat, Dieu a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante, il a comblé de biens les affamés. Puisez force dans les paroles de ce cantique de Marie que nous allons chanter dans un instant en union avec l'Église tout entière à travers le monde ! Ayez le courage d’être fidèles au Christ et demeurer ici, sur cette terre qu’il a sanctifiée par sa présence ! Comme Marie, vous avez un rôle à jouer dans le plan de Salut de Dieu, en rendant le Christ présent dans le monde, en étant ses témoins, et en répandant son message de paix et d’unité. Pour cela, il est essentiel que vous soyez unis entre vous, afin que l'Église en Terre Sainte puisse être clairement reconnue comme « le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen gentium, 1). Votre unité dans la foi, l’espérance et l’amour est un fruit de l’Esprit Saint qui demeure en vous, et qui vous rend capables d’être des instruments efficaces de la paix de Dieu, pour être les artisans d’une réconciliation véritable entre les différents peuples qui reconnaissent en Abraham leur père dans la foi. Car, ainsi que Marie le proclamait joyeusement dans son Magnificat, Dieu se souvient toujours de « son amour, de la promesse à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais » (Lc 1, 54-55) !

 

Chers amis dans le Christ, soyez assurés que je me souviens de vous constamment dans mes prières, et je vous demande de faire de même pour moi.  

 

 

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 17:11

"Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre,
et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ;
qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ?"

(Sg 9. 16)

 

Le célèbre astrophysicien britannique, Stephen Hawking vient de commettre un nouvel ouvrage dont certains extraits ont été publiés jeudi dernier dans le Times. 

L'univers a-t-il eu besoin d'un Créateur ? « Non », répond Stephen Hawking. « La main de Dieu n'était pas nécessaire pour créer l'univers, qui s'est en fait formé de lui-même, en toute logique des lois de la physique », explique-t-il. 

« En raison de la loi de la gravité, l'univers peut se créer de lui-même, à partir de rien. La création spontanée est la raison pour laquelle quelque chose existe, pour laquelle l'univers existe, pour laquelle nous existons ». 

Conclusion : « Il n'est pas nécessaire d'invoquer Dieu pour activer l'univers ». 

Ces quelques passages, qui ont reçu un large écho médiatique, appellent de ma part quelques réflexions. 

1. Le livre de Stephen Hawking, quoiqu’on en dise, et quelqu’éminent soit le célèbre astrophysicien dans son domaine de compétence propre, n’est pas un livre scientifique, mais un ouvrage de métaphysique. Pourquoi ? Parce que le sujet dont il traite (Dieu) n’est pas de ce monde. Il échappe donc aux prises de l’analyse rigoureusement scientifique. 

Il n’entre pas dans le domaine des sciences de statuer sur l’existence ou non de Dieu – pas plus que sur celle du bonheur ou de l’amour. Un étudiant en astrophysique qui affirmerait qu’en l’état actuel des connaissances scientifiques, Dieu n’est pas nécessaire au monde, se verrait remettre sa copie barrée en rouge de la mention : « Hors sujet ». Aucune science expérimentale ne peut nous dire si l’univers est créé par Dieu ou incréé, ontologiquement insuffisant ou suffisant, si l’évolution cosmique et biologique se fait en vertu de ses ressources propres ou si elle est suscitée et dirigée par un autre qu’elle-même. 

Stephen Hawking ne peut donc pas nous présenter sa théorie comme une théorie scientifique : on est ici dans la métaphysique, en plein. 

2. Il n’est pas étonnant qu’un scientifique s’adonne à l’activité métaphysique – c’est même une excellente chose. Ils sont de plus en plus nombreux dans ce cas. Cela tient sans doute à ce qu’ils sont les mieux placés pour réfléchir sur l’univers, eux qui en connaissent les mécanismes les plus subtils, les rouages les plus secrets. Qu’un scientifique laisse tomber un instant sa plume pour s’abîmer dans la contemplation de l’objet étudié, dans une profonde méditation de ses causes premières, voilà qui est signe de bonne santé intellectuelle et spirituelle ! Cela compense en tous les cas le fait regrettable que les philosophes modernes aient déserté le terrain de la métaphysique et ne s’intéressent guère plus à la science, n’en faisant plus la matière première de leur réflexion. « Cachez cet univers que je ne saurai voir » 

Que Stephen Hawking emploie ses connaissances scientifiques pour promouvoir des thèses métaphysiques, voilà qui me paraît intéressant et digne d’éloge. Que la métaphysique soit en quelque sorte réhabilitée par des scientifiques, voilà qui me paraît un heureux retournement de l’Histoire – qui a parfois ses ironies… 

3. La thèse de l’auteur consiste à dire que « Dieu n’est pas une explication nécessaire au monde ». Le monde, selon lui, peut exister sans Dieu. La thèse de Hawking n’est donc pas à proprement parlé une thèse athée, puisqu’il n’affirme pas que Dieu n’existe pas. Il dit simplement que Dieu n’est pas nécessaire ; que le monde peut s’expliquer sans Dieu. Dieu pourrait donc ne pas exister. Mais… il pourrait tout aussi bien exister. Ainsi, ma voiture n’est pas nécessaire à l’accomplissement de mon trajet quotidien vers mon lieu de travail. Il n’empêche : elle existe… Il est donc abusif de conclure de l’ouvrage de Hawking – comme ont cru intelligent de titrer certains journalistes français – que « L’univers n’est pas une création divine » ou que « Dieu n’a finalement pas créé l’univers ». Car telle n’est pas la pensée de l’auteur (si l’on s’en tient en tous les cas aux extraits rapportés par les journalistes français). 

4. Que Dieu ne soit pas nécessaire au monde, voilà qui nécessiterait une clarification sur ce que l’auteur entend par… Dieu. 

Puisque l’on sort du champ de la science ; qu’il n’est pas de définition scientifique de Dieu ; il faut savoir de quoi l’on parle. J’imagine que notre auteur commence par cela. J’imagine aussi qu’il entend par « Dieu » le Dieu Créateur du monothéisme. Il serait intéressant, dans ce cas, de savoir pourquoi il s’efforce de réfuter ce Dieu là plutôt qu’un autre… et d’examiner si le monde peut se passer de tout dieu – nous allons y revenir… (cf. Point 7 ci-dessous). 

5. Maintenant, la thèse métaphysique développée (telle que rapportée par les grands médias, et dont je ne connais pas le détail) est absurde et contradictoire. 

Elle est absurde tout d’abord, parce qu’elle remet en cause l’un des rares points de consensus qui traverse l’histoire de toutes les grandes traditions métaphysiques, à savoir : que du néant absolu, c’est-à-dire de rien du tout, ne peut naître quoique ce soit.Que de rien ait pu jaillir spontanément quelque chose est impensable pour la raison humaine. On peut le dire si l’on veut (et Hawking l’écrit : « l'univers peut se créer de lui-même, à partir de rien » dans une « création spontanée ») ; mais on ne peut pas le penser. Non parce que nous manquons d’imagination, mais parce que le fait est impossible. De la négation de tout être ne peut surgir spontanément de l’être : le néant par définition est stérile : il ne peut rien, il ne crée rien (il en est incapable) : en toute rigueur, il n’existe pas. 

La thèse métaphysique que Hawking oppose au Dieu créateur est donc absurde : c’est celle du Néant créateur. A l’origine de notre Univers, selon Hawking, il n’y a pas un Être créateur, mais un Néant créateur. Hawking a le droit d’y croire s’il veut – on notera alors que ce n’est pas une vérité scientifique : simplement une croyance fondée, non sur la raison, mais sur l’option arbitraire de l’auteur en faveur de cette théorie – ; mais il n’a pas le droit de prétendre qu’il s’agit là de l’option la plus rationnelle (voire d’une option rationnelle tout court). Car toute la pensée humaine depuis les origines se révolte (dans un bel unanimisme) contre l’absurdité de l’idée d’un néant créateur. 

Plutôt que d’affirmer qu’à l’origine du monde il n’y a rien, il est plus rationnel de penser qu’à l’origine du monde il y a quelque chose. Car si rien ne peut donner que rien, quelque chose peut donner quelque chose. C’est le B.A-BA de la pensée humaine. 

Il est intéressant de relever au passage que Hawking croit en la Création. Il ne nie pas la notion de Création ; il nie celle de Créateur. La thèse que propose Hawking est donc celle d’une Création sans Créateur. Une Création où l’objet créé est lui-même l’explication de son être. Car si la Création n’est pas le fait d’un Créateur, c'est qu'elle est le fait de l’objet créé lui-même : l’Univers s’est auto-créé, nous dit Hawking, « de lui-même, à partir de rien ». A la foi religieuse en un Dieu créateur, Hawking propose comme alternative le conte de fée de l’auto-création de l’Univers. Création spontanée que la science n’a jamais pu observer pour n’importe quel autre être composant cet univers, mais qui est une spécificité, semble-t-il, de l’univers en son entier. 

Si l’on admet qu’il est rationnel de penser que du néant peut jaillir quelque chose, a fortiori notre univers avec la vie et l’intelligence qui l’habitent ; que l’univers peut s’auto-créer à partir de rien, et décider d’exister à un moment où il n’existait pas (sic) ; alors, oui, si l’on avale paisiblement toutes ces couleuvres et que l’on estime rester ainsi dans le champs de la rationalité, dans ce cas (et dans ce cas seulement), on peut dire doctement devant les caméras du monde entier et sous les flashs des journalistes que l’univers n’a pas besoin de Dieu. 

6. Mais la thèse de Hawking n’est pas seulement absurde : elle est contradictoire. Parce qu’il affirme une chose et son contraire… dans la même phrase ! 

Comment l’univers a-t-il pu surgir du néant et s’auto-créer comme il l’a fait ? C’est bien simple, explique Hawking : il s’est « formé de lui-même, en toute logique des lois de la physique, (…) en raison de la loi de la gravité ». 

L’univers s’est créé « de lui-même, à partir de rien »… grâce aux lois de la physique, à la loi de la gravité. 

Ce qui n’est pas « rien ». 

A l’origine de notre univers, il n’y a donc pas « rien » au sens de « néant absolu » : il y a les lois de la physique ; il y a la loi de la gravité. Ce sont ces lois qui expliquent tout : le Big Bang, l’évolution du cosmos vers des formes d’êtres de plus en plus complexes, le surgissement de la vie, l’apparition de l’homme et de son cerveau, sa pensée, sa capacité de croire et d’aimer. 

7. Pour Hawking, seule existe la matière et ses lois. La matière est le seul être ; il n’en est pas d’autre. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir recours à un Créateur transcendant pour en expliquer l’existence. 

C’est la matière qui est l’Être absolu, puisqu’elle ne dépend de rien ni de personne pour exister, et qu’elle n’a besoin de rien ni de personne pour être ce qu’elle est comme elle est. Ce sont ses lois internes qui la poussent à être et à devenir. 

C’est la matière qui s’auto-créée et s’attribue à elle-même ce qu’elle n’avait pas au départ : la vie, l’intelligence et la pensée… C'est elle qui s’est attribuée tout cela « en toute logique des lois de la physique ». 

La matière est donc créatrice en ce qu’elle est capable de faire sans cesse surgir du néant (ou disons : du « moins ») toutes choses nouvelles (ou disons du « plus » : des formes d’êtres de plus en plus complexes ; la vie, l’intelligence, la pensée). A moins de considérer qu’elle n’avait toutes ces choses au départ, de manière occulte, nul ne pouvant se donner à soi-même plus que ce qu’il a déjà. 

L’Evangile de Hawking commence ainsi : « au commencement était la matière ; les lois de la physique ; la loi de la gravité. » L’univers n’a pas besoin de Dieu. Les lois de la physique, la loi de la gravité suffisent à en expliquer l’existence, l'histoire et l'évolution. L’univers s’est créé tout seul, comme un grand : « La création spontanée est la raison pour laquelle quelque chose existe, pour laquelle l'univers existe, pour laquelle nous existons ». 

C’est attribuer à la matière un pouvoir immense (créateur), une capacité d’organisation inouïe (mathématique), une intelligence supérieure (capable de produire le cerveau humain, à côté duquel nos plus puissants ordinateurs ne sont que babioles…). 

Nous voilà donc revenu avec Hawking des milliers d’années en arrière, à l’aube de l’Histoire de la pensée, à la doctrine des anciens Grecs : l’univers existe seul, incréé ; il produit seul la vie et la pensée ; il est le Créateur de tout ce qui naît en lui au cours du temps. Il est doté de tous les caractères que les théologiens attribuent à Dieu : la suffisance ontologique, l’éternité, la vie, la pensée, le génie créateur. L’univers est donc divin. C’est lui qui est Dieu. 

Ce n’est certes pas ce qu’affirme explicitement Hawking, puisqu’il nous dit que l’Univers n’a pas besoin de Dieu. Mais c’est ce à quoi on est inéluctablement conduit quand on tire toutes les conséquences de l’affirmation selon laquelle il n’y a que la matière, que l’univers – c’est pourquoi je me demandais plus haut si Hawking traitait de la question de savoir si l’univers peut se passer de tout dieu (cf. Point 4 ci-dessus). 

Considère-t-on que l’univers avait en lui dès l’origine et de manière occulte tout ce qui est apparu au fil de l’évolution cosmique ? On navigue alors en plein animisme cosmique : l’univers est un Dieu qui se réalise en advenant peu à peu ce qu’il est dès l’origine. 

Considère-t-on au contraire que l’univers a progressivement créé de rien tout ce qui est apparu historiquement en son sein (la matière organisée, la matière vivante, la matière pensante…) : on dérive alors vers une mythologie encore plus absurde : la théogonie transposée en cosmogonie… : l’Univers est un Dieu qui s’auto-crée et qui s’invente au fil du temps, s’attribuant graduellement ce qu’il ne possédait pas en lui-même dès l’origine (la vie et la pensée). 

On mesure l’ampleur de la régression de la pensée à laquelle nous conduit la thèse métaphysique de Stephen Hawking… 

8. Cette thèse là était aussi celle du marxisme (dont on a pu apprécier la postérité dans l’Histoire…). Marx aussi voyait l’Univers comme résultant d’un processus d’auto-génération (« eine Selbsterzeugung »). Engels, qui tirait les conclusions cosmologiques et physiques des principes posés par Marx, admettait que sa théorie reprenait les thèses fondamentales des philosophes grecs antérieurs à Socrate (Anaximandre de Milet, Héraclite d’Ephèse…). 

Marx et Engels attribuaient à l’univers ce que les mythologies théogoniques dans anciens Grecs attribuaient à leurs dieux. Rien cependant, dans l’expérience positive, ne permet de justifier une telle doctrine. Il faudrait pour cela commencer par démontrer l’éternité de l’univers, de la matière et du mouvement ; établir que les lois de la physique et la loi de la gravité préexistaient à la naissance de notre univers – et donc je suppose : prouver l’existence de cycles éternels et du « chaos » mythique des atomistes… Tout ce vers quoi l’astrophysique moderne ne nous oriente pas… 

Si Stephen Hawking reprend à son compte la thèse de l’auto-création de l’univers, et de son auto-création en vertu de la logique interne aux lois de la physique et de la gravité, ce n’est donc pas sur la base de données scientifiques objectives, mais sur la base de ses préférences métaphysiques. Il commence par poser (consciemment ou pas) le postulat que la matière est le seul être existant, et que l’Univers n’a pas besoin de Dieu ; et il en déduit une cosmologie compatible avec ce postulat de départ (il affirme ainsi la préexistence des lois de la physique… à l’apparition de tout objet physique !) Mais l’on voit bien que la proposition selon laquelle l’Univers n’a pas besoin de Dieu ne se trouve pas au terme du raisonnement comme il tente de nous le faire accroire, mais bien à son début. Si elle se trouve au début du raisonnement (comme une prémisse illégitime puisqu’indémontrée, et par suite : arbitraire), il ne faut pas s’étonner de la trouver aussi à la fin, le raisonnement ne pouvant que s’en trouver altéré, et ses résultats faussés. 

Nous avons vu que cette manière de raisonner était la pire des méthodes en métaphysique 

9. Il est assez étonnant qu’un homme de formation scientifique comme Hawking se satisfasse de réponses aussi parcellaires et insuffisantes que celles qu’il propose. L’univers, selon lui, n’a pas besoin de Dieu… parce que les lois de la physique et la loi de la gravité suffisent à l’expliquer. Mais qu’est-ce qui explique ces lois de la physique et de la gravité ? Que sont ces lois posées là, semble-t-il, de toute éternité ? D’où viennent-elles ? Qui les a écrites ? La question peut paraître provocatrice ; elle est pourtant légitime sur le plan rationnel, car toute Loi renvoie naturellement... à un Législateur. 

Qu’est-ce qu’une loi physique commandant l’organisation de la matière avec une nécessité objective sinon l’expression d’une pensée organisatrice ? Hawking nous dit que « l'univers, s'est formé de lui-même, en toute logique des lois de la physique ». Fort bien. Mais quelle est donc cette « logique », ce Logos des lois de la physique, qui commande à tout le créé, l’informe et l’organise, fait surgir de la matière inerte la matière vivante, puis pensante – jusqu’à l’esprit logique des êtres humains ? Quelle est la nature de ce Logos qui préside à la Création de l’Univers et qui en conduit tout le développement, l’évolution ? Voilà la grande question qu’il convient de trancher pour résoudre le problème métaphysique posé par Hawking. 

Stephen Hawking pose sans doute la bonne question (« l’Univers a-t-il besoin de Dieu pour exister ? ») mais il n’y répond pas complètement, n’allant pas au fond de son analyse et s’arrêtant au constat (scientifiquement contestable) que ce sont les Lois de la physique qui expliquent l’auto-création de l’univers. Mais pour aller jusqu’à la conclusion que l’Univers n’a pas besoin de Dieu, il faut encore franchir un pas supplémentaire et réfléchir sur la nature même de ces lois de la physique, de ce Logos immanent à la Nature qui explique tout. Ce Logos est-il seulement immanent à la Nature ? Ou bien est-il aussi transcendant – comme expression de l’Intelligence Créatrice de Dieu ? Affirmer que l’Univers n’a pas besoin de Dieu sans avoir traité cette importante question, c’est sans doute aller un peu vite en besogne et pécher par imprudence... 

Pouvons-nous réellement soutenir qu’il y a 4 ou 5 milliards d’années, une nécessité naturelle imposait à la matière le développement historique que nous lui connaissons ? Et si oui : quels attributs ne sommes-nous pas conduits à prêter à cette matière comportant de telles « lois physiques » et une telle « nécessité » ? 

On peut croire si l’on veut que le Législateur et la Loi ne font qu’UN ; affirmer qu’il n’y a que la Loi, et aucun Législateur ; que le Logos des lois de la physique est seulement immanent au monde et à la matière ; mais cela revient in fine à diviniser la Nature – c’est-à-dire : à lui conférer les attributs de la divinité, comme le faisaient les plus anciens penseurs grecs. 

Pour dédiviniser la Nature, il faut séparer la Nature et Dieu, et rendre à chacun ce qui lui appartient en propre. Mais alors : cela conduit à affirmer l’existence d’un Dieu transcendant, distinct de ce monde. 

En aucun cas, on le voit, on ne peut nier Dieu. Sauf à renoncer à la raison. Ou à renier l’univers (ce que certains philosophes ne se sont pas privés de faire…). L’athéisme n’existe donc pas comme une alternative rationnelle à l’existence de Dieu. 

Que l’on mette Dieu dans l’Univers ou hors de l’Univers, on ne peut se passer de Lui pour expliquer l’univers. 

Il est impossible de concevoir l’univers sans Dieu.

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 09:57

Logo Terre SainteExtrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI aux chefs religieux de Galilée au sanctuaire de l’Annonciation à Nazareth, le 14 mai 2009.

 

Chers amis,

 

(…) C’est pour moi une bénédiction que de pouvoir visiter cette ville vénérée par les Chrétiens comme le lieu où l’Ange vint annoncer à la Vierge Marie qu’elle concevrait par la puissance de l’Esprit Saint. Ici aussi, Joseph, son fiancé, vit dans un songe l’Ange qui lui dit de donner à l’enfant le nom de « Jésus ». Après les événements merveilleux qui ont accompagné sa naissance, l’enfant fut emmené ici par Joseph et Marie et c’est là qu’il « grandissait et se fortifiait, tout rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui » (cf. Lc 2, 40).

 

La conviction que le monde est un don de Dieu, et que Dieu est entré dans les tours et détours de l’Histoire humaine, est la perspective à partir de laquelle les Chrétiens envisagent la Création et la considèrent comme ayant une Raison et un but. Loin d’être le résultat d’un destin aveugle, le monde a été voulu par Dieu et révèle sa splendeur glorieuse.

 

Au cœur de toutes les traditions religieuses se trouve la conviction que la paix elle-même est un don de Dieu, même si elle ne peut pas être atteinte sans les efforts de l’homme. La paix durable a sa source dans la reconnaissance que le monde, en dernière analyse, ne nous appartient pas, mais qu’il est plutôt l’horizon à l’intérieur duquel nous sommes invités à participer à l’amour de Dieu et à lui apporter notre coopération pour guider le monde et l’Histoire sous son inspiration. Nous ne pouvons pas agir avec le monde selon notre bon plaisir ; mais, plutôt, nous sommes appelés à rendre nos choix conformes aux lois subtiles mais néanmoins perceptibles inscrites par le Créateur dans l’univers et à mettre nos actions en accord avec la bonté divine qui imprègne tout le monde créé.

 

La Galilée est une terre connue pour sa diversité religieuse et ethnique, c’est la terre d’un peuple qui connaît bien les efforts requis pour vivre dans une harmonieuse coexistence. Nos différentes traditions religieuses ont chacune un puissant potentiel pour promouvoir une culture de paix, en particulier par l’enseignement et la prédication des valeurs spirituelles les plus profondes de notre commune humanité. En formant le cœur des jeunes, nous formons l’avenir de l’humanité elle-même. Les Chrétiens s’unissent volontiers aux Juifs, aux Musulmans, aux Druzes et aux membres d’autres religions dans le désir de protéger les enfants contre le fanatisme et la violence, tout en les préparant à être les bâtisseurs d’un monde meilleur.

 

Mes chers amis, je sais que vous accueillez avec joie et avec un souhait de paix les nombreux pèlerins qui parcourent la Galilée. Je vous encourage à continuer à mettre en pratique des comportements de respect mutuel alors que vous œuvrez pour apaiser les tensions concernant des lieux de culte, assurant ainsi un environnement serein pour la prière et la réflexion, ici-même et dans toute la Galilée. Représentant différentes traditions religieuses, vous partagez le désir de contribuer au mieux-être de la société, rendant ainsi témoignage aux valeurs spirituelles et religieuses qui sont un soutien pour la vie publique. Je peux vous assurer de l’engagement de l'Église catholique à s’unir à vous dans cette noble entreprise. Avec les hommes et les femmes de bonne volonté, elle cherchera à faire en sorte que la lumière de la vérité, de la paix et de la bonté continue à briller depuis la Galilée, conduisant ainsi les peuples de toute la planète à rechercher tout ce qui peut favoriser l’unité de la famille humaine. Que Dieu vous bénisse tous !

 

 

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