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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 18:15

Audience Générale du Pape Benoît XVI sur Saint Anselme, le 23 septembre 2009.

 

Chers frères et sœurs,

 

A Rome, sur la colline de l'Aventin, se trouve l'abbaye bénédictine de Saint-Anselme. En tant que siège d'un institut d'études supérieures et de l'abbé primat des Bénédictins confédérés, c'est un lieu qui unit la prière, l'étude et le gouvernement, qui sont précisément les trois activités qui caractérisent la vie du Saint auquel elle est dédiée : Anselme d'Aoste, dont nous célébrons cette année le IXe centenaire de la mort. Les multiples initiatives, promues spécialement par le diocèse d'Aoste pour cette heureuse occasion, ont souligné l'intérêt que continue de susciter ce penseur médiéval. Il est connu également comme Anselme du Bec et Anselme de Canterbury en raison des villes auxquelles il est lié. Qui est ce personnage auquel trois localités, éloignées entre elles et situées dans trois nations différentes – Italie, France, Angleterre – se sentent particulièrement liées? Moine à la vie spirituelle intense, excellent éducateur de jeunes, théologien possédant une extraordinaire capacité spéculative, sage homme de gouvernement et défenseur intransigeant de la libertas Ecclesiae, de la liberté de l'Eglise, Anselme est l'une des personnalités éminentes du Moyen-Age, qui sut harmoniser toutes ces qualités grâce à une profonde expérience mystique, qui en guida toujours la pensée et l'action.

 

Saint Anselme naquit en 1033 (ou au début de 1034), à Aoste, premier-né d'une famille noble. Son père était un homme rude, dédié aux plaisirs de la vie et dépensant tous ses biens ; sa mère, en revanche, était une femme d'une conduite exemplaire et d'une profonde religiosité. Ce fut elle qui prit soin de la formation humaine et religieuse initiale de son fils, qu'elle confia ensuite aux bénédictins d'un prieuré d'Aoste. Anselme qui, enfant – comme l'écrit son biographe –, imaginait la demeure du bon Dieu entre les cimes élevées et enneigées des Alpes, rêva une nuit d'être invité dans cette demeure splendide par Dieu lui-même, qui s'entretint longuement et aimablement avec lui, et à la fin, lui offrit à manger "un morceau de pain très blanc". Ce rêve suscita en lui la conviction d'être appelé à accomplir une haute mission. A l'âge de quinze ans, il demanda à être admis dans l'ordre bénédictin, mais son père s'opposa de toute son autorité et ne céda pas même lorsque son fils gravement malade, se sentant proche de la mort, implora l'habit religieux comme suprême réconfort. Après la guérison et la disparition prématurée de sa mère, Anselme traversa une période de débauche morale : il négligea ses études et, emporté par les passions terrestres, devint sourd à l'appel de Dieu. Il quitta le foyer familial et commença à errer à travers la France à la recherche de nouvelles expériences. Après trois ans, arrivé en Normandie, il se rendit à l'abbaye bénédictine du Bec, attiré par la renommée de Lanfranc de Pavie, prieur du monastère. Ce fut pour lui une rencontre providentielle et décisive pour le reste de sa vie. Sous la direction de Lanfranc, Anselme reprit en effet avec vigueur ses études, et, en peu de temps, devint non seulement l'élève préféré, mais également le confident du maître. Sa vocation monastique se raviva et, après un examen attentif, à l'âge de 27 ans, il entra dans l'Ordre monastique et fut ordonné prêtre. L'ascèse et l'étude lui ouvrirent de nouveaux horizons, lui faisant retrouver, à un degré bien plus élevé, la proximité avec Dieu qu'il avait eue enfant.

 

Lorsqu'en 1063, Lanfranc devint abbé de Caen, Anselme, après seulement trois ans de vie monastique, fut nommé prieur du monastère du Bec et maître de l'école claustrale, révélant des dons de brillant éducateur. Il n'aimait pas les méthodes autoritaires ; il comparait les jeunes à de petites plantes qui se développent mieux si elles ne sont pas enfermées dans des serres et il leur accordait une "saine" liberté. Il était très exigeant avec lui-même et avec les autres dans l'observance monastique, mais plutôt que d'imposer la discipline il s'efforçait de la faire suivre par la persuasion. A la mort de l'abbé Herluin, fondateur de l'abbaye du Bec, Anselme fut élu à l'unanimité à sa succession : c'était en février 1079. Entretemps, de nombreux moines avaient été appelés à Canterbury pour apporter aux frères d'outre-Manche le renouveau en cours sur le continent. Leur œuvre fut bien acceptée, au point que Lanfranc de Pavie, abbé de Caen, devint le nouvel archevêque de Canterbury et il demanda à Anselme de passer un certain temps avec lui pour instruire les moines et l'aider dans la situation difficile où se trouvait sa communauté ecclésiale après l'invasion des Normands. Le séjour d'Anselme se révéla très fructueux ; il gagna la sympathie et l'estime générale, si bien qu'à la mort de Lanfranc, il fut choisi pour lui succéder sur le siège archiépiscopal de Canterbury. Il reçut la consécration épiscopale solennelle en décembre 1093.

 

Anselme s'engagea immédiatement dans une lutte énergique pour la liberté de l'Eglise, soutenant avec courage l'indépendance du pouvoir spirituel par rapport au pouvoir temporel. Il défendit l'Eglise des ingérences indues des autorités politiques, en particulier des rois Guillaume le Rouge et Henri I, trouvant encouragement et appui chez le Pontife Romain, auquel Anselme démontra toujours une adhésion courageuse et cordiale. Cette fidélité lui coûta également, en 1103, l'amertume de l'exil de son siège de Canterbury. Et c'est seulement en 1106, lorsque le roi Henri Ier renonça à la prétention de conférer les investitures ecclésiastiques, ainsi qu'au prélèvement des taxes et à la confiscation des biens de l'Eglise, qu'Anselme put revenir en Angleterre, accueilli dans la joie par le clergé et par le peuple. Ainsi s'était heureusement conclue la longue lutte qu'il avait menée avec les armes de la persévérance, de la fierté et de la bonté.

 

Ce saint archevêque qui suscitait une telle admiration autour de lui, où qu'il se rende, consacra les dernières années de sa vie en particulier à la formation morale du clergé et à la recherche intellectuelle sur des sujets théologiques. Il mourut le 21 avril 1109, accompagné par les paroles de l'Evangile proclamé lors de la Messe de ce jour : "Vous êtes, vous, ceux qui sont demeurés constamment avec moi dans mes épreuves; et moi je dispose pour vous du Royaume comme mon Père en a disposé pour moi : vous mangerez à ma table en mon Royaume" (Lc 22, 28-30). Le songe de ce mystérieux banquet, qu'il avait fait enfant tout au début de son chemin spirituel, trouvait ainsi sa réalisation. Jésus, qui l'avait invité à s'asseoir à sa table, accueillit saint Anselme, à sa mort, dans le royaume éternel du Père.

 

"Dieu, je t'en prie, je veux te connaître, je veux t'aimer et pouvoir profiter de toi. Et si, en cette vie, je ne suis pas pleinement capable de cela, que je puisse au moins progresser chaque jour jusqu'à parvenir à la plénitude" (Proslogion, chap. 14). Cette prière permet de comprendre l'âme mystique de ce grand Saint de l'époque médiévale, fondateur de la théologie scolastique, à qui la tradition chrétienne a donné le titre de "Docteur Magnifique", car il cultiva un intense désir d'approfondir les Mystères divins, tout en étant cependant pleinement conscient que le chemin de recherche de Dieu n'est jamais terminé, tout au moins sur cette terre. La clarté et la rigueur logique de sa pensée ont toujours eu comme fin d'"élever l'esprit à la contemplation de Dieu" (ibid., Proemium). Il affirme clairement que celui qui entend faire de la théologie ne peut pas compter seulement sur son intelligence, mais qu'il doit cultiver dans le même temps une profonde expérience de foi. L'activité du théologien, selon saint Anselme, se développe ainsi en trois stades : la foi, don gratuit de Dieu qu'il faut accueillir avec humilité ; l'expérience, qui consiste à incarner la parole de Dieu dans sa propre existence quotidienne; et ensuite la véritable connaissance, qui n'est jamais le fruit de raisonnements aseptisés, mais bien d'une intuition contemplative. A ce propos, restent plus que jamais utiles également aujourd'hui, pour une saine recherche théologique et pour quiconque désire approfondir la vérité de la foi, ses paroles célèbres : "Je ne tente pas, Seigneur, de pénétrer ta profondeur, car je ne peux pas, même de loin, comparer avec elle mon intellect ; mais je désire comprendre, au moins jusqu'à un certain point, ta vérité, que mon cœur croit et aime. Je ne cherche pas, en effet, à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre" (ibid., 1).

 

 

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 18:51

Audience Générale du Pape Benoît XVI sur Syméon le Nouveau Théologien, le 16 septembre 2009. 

 

Chers frères et sœurs,

 

Aujourd'hui, nous examinerons la figure d'un moine oriental, Syméon le Nouveau Théologien, dont les écrits ont exercé une remarquable influence sur la théologie et sur la spiritualité de l'Orient, en particulier en ce qui concerne l'expérience de l'union mystique avec Dieu. Syméon le Nouveau Théologien naquit en 949 à Galatai, en Paflagonie (Asie mineure), dans une famille noble de province. Encore jeune, il partit pour Constantinople pour y entreprendre des études et entrer au service de l'empereur. Mais il se sentit peu attiré par la carrière civile qui l'attendait et sous l'influence des illuminations intérieures dont il faisait l'expérience, il se mit à la recherche d'une personne qui l'orientât dans le moment de grands doutes et de perplexité qu'il était en train de vivre, et qui l'aidât à progresser sur le chemin de l'union avec Dieu. Il trouva ce guide spirituel en Syméon le Pieux (Eulabes), un simple moine du monastère de Studios, à Constantinople, qui lui donna à lire le traité « La loi spirituelle » de Marc le Moine. Dans ce texte, Syméon le Nouveau Théologien trouva un enseignement qui l'impressionna beaucoup : "Si tu cherches la guérison spirituelle – y lit-il – sois attentif à ta conscience. Tout ce qu'elle te dit, fais-le et tu trouveras ce dont tu as besoin". A partir de ce moment-là – raconte-t-il lui-même – il ne se coucha plus sans se demander si sa conscience n'avait pas quelque chose à lui reprocher.

 

Syméon entra dans le monastère des Studites, où, toutefois, ses expériences mystiques et son extraordinaire dévotion envers le Père spirituel lui causèrent des difficultés. Il partit pour le petit couvent de Saint Mamas, toujours à Constantinople, dont, après trois ans, il devint le chef, l'higoumène. Il y conduisit une intense recherche d'union spirituelle avec le Christ, qui lui conféra une grande autorité. Il est intéressant de noter qu'il lui fut donné le qualificatif de "Nouveau Théologien", bien que la tradition ne réserve le titre de "Théologien" qu'à deux personnalités : à l'évangéliste Jean et à Grégoire de Nazianze. Il endura des incompréhensions et souffrit l'exil, mais fut réhabilité par le patriarche de Constantinople, Serge II.

 

Syméon le Nouveau Théologien passa la dernière période de son existence dans le monastère de Sainte Marine, où il écrivit une grande partie de ses œuvres, en devenant de plus en plus célèbre en raison de ses enseignements et de ses miracles. Il mourut le 12 mars 1022.

 

Le plus connu de ses disciples, Niceta Stetatos, qui a recueilli et recopié les écrits de Syméon, en fit une édition posthume, en rédigeant à la suite une biographie. L'œuvre de Syméon comprend neuf volumes, qui se divisent en Chapitres théologiques, gnostiques et pratiques, trois volumes de Catéchèses adressées aux moines, deux volumes de Traités théologiques et éthiques et un volume d'Hymnes. Il ne faut pas non plus oublier les nombreuses Lettres. Toutes ces œuvres ont trouvé une place importante dans la tradition monastique orientale jusqu'à nos jours.

 

Syméon concentre sa réflexion sur la présence de l'Esprit Saint chez les baptisés et sur la conscience qu'ils doivent avoir de cette réalité spirituelle. La vie chrétienne – souligne-t-il – est une communion intime et personnelle avec Dieu, la grâce divine illumine le cœur du croyant et le conduit à la vision mystique du Seigneur. Dans ce sillage, Syméon le Nouveau Théologien insiste sur le fait que la véritable connaissance de Dieu ne vient pas des livres, mais de l'expérience spirituelle, de la vie spirituelle. La connaissance de Dieu naît d'un chemin de purification intérieure, qui commence avec la conversion du cœur, grâce à la force de la foi et de l'amour ; elle passe à travers un profond repentir et une douleur sincère pour ses péchés, pour arriver à l'union avec le Christ, source de joie et de paix, imprégnés de la lumière de sa présence en nous. Pour Syméon, cette expérience de la grâce divine ne constitue pas un don exceptionnel pour quelques mystiques, mais elle est le fruit du Baptême dans l'existence de tout fidèle sérieusement engagé.

 

Un point sur lequel réfléchir, chers frères et sœurs! Ce saint moine oriental nous rappelle tous à une attention à la vie spirituelle, à la présence cachée de Dieu en nous, à la sincérité de la conscience et à la purification, à la conversion du cœur, afin que l'Esprit Saint devienne réellement présent en nous et nous guide. Si l'on se préoccupe à juste titre de prendre soin de notre croissance physique, humaine et intellectuelle, il est encore plus important de ne pas négliger la croissance intérieure, qui consiste dans la connaissance de Dieu, dans la véritable connaissance, non seulement apprise dans les livres, mais intérieure, et dans la communion avec Dieu, pour faire l'expérience de son aide à tout moment et en toute circonstance. Au fond, c'est ce que Syméon décrit lorsqu'il rapporte son expérience mystique. Déjà, lorsqu'il était jeune, avant d'entrer au monastère, tandis qu'une nuit, chez lui, il prolongeait ses prières, en invoquant l'aide de Dieu pour lutter contre les tentations, il avait vu la pièce emplie de lumière. Puis, lorsqu'il entra au monastère, on lui offrit des livres spirituels pour s'instruire, mais leur lecture ne lui procurait pas la paix qu'il recherchait. Il se sentait – raconte-t-il – comme un pauvre petit oiseau sans aile. Il accepta cette situation avec humilité, sans se rebeller, et alors, les visions de lumière commencèrent à nouveau à se multiplier. Voulant s'assurer de leur authenticité, Syméon demanda directement au Christ : "Seigneur, est-ce toi qui es vraiment ici?". Il sentit retentir dans son cœur la réponse affirmative et en fut réconforté au plus au point. "Ce fut, Seigneur – écrira-t-il par la suite –, la première fois que tu me jugeas, moi, fils prodigue, digne d'écouter ta voix". Toutefois, pas même cette révélation ne réussit à lui apporter la tranquillité. Il se demandait plutôt si cette expérience ne devait pas elle aussi être considérée comme une illusion. Un jour, enfin, un événement fondamental pour son expérience mystique eut lieu. Il commença à se sentir comme "un pauvre qui aime ses frères" (ptochós philádelphos). Il voyait autour de lui de nombreux ennemis qui voulaient lui tendre des pièges et lui faire du mal, mais, en dépit de cela, il ressentit en lui un intense élan d'amour pour eux. Comment l'expliquer? Bien sûr, un tel amour ne pouvait venir de lui-même, mais devait jaillir d'une autre source. Syméon comprit qu'il provenait du Christ présent en lui et tout lui apparut avec clarté : il eut la preuve certaine que la source de l'amour en lui était la présence du Christ et qu'avoir en soi un amour qui va au-delà de mes intentions personnelles indique que la source de l'amour se trouve en moi. Ainsi, d'un côté, nous pouvons dire que sans une certaine ouverture à l'amour, le Christ n'entre pas en nous, mais de l'autre, le Christ devient source d'amour et nous transforme. Chers amis, cette expérience reste véritablement importante pour nous aujourd'hui, pour trouver les critères qui nous indiquent si nous sommes réellement proches de Dieu, si Dieu est présent et vit en nous. L'amour de Dieu croît en nous si nous demeurons unis à Lui à travers la prière et l'écoute de sa parole, à travers l'ouverture du cœur. Seul l'amour divin nous fait ouvrir notre cœur aux autres et nous rend sensibles à leurs besoins nous faisant considérer chacun comme nos frères et sœurs, et nous invitant à répondre à la haine par l'amour et à l'offense par le pardon.

 

En réfléchissant sur cette figure de Syméon le Nouveau Théologien, nous pouvons observer encore un élément supplémentaire de sa spiritualité. Sur le chemin de vie ascétique qu'il a proposé et parcouru, la profonde attention et concentration du moine sur l'expérience intérieure confère au Père spirituel du monastère une importance essentielle. Le jeune Syméon lui-même, comme on l'a dit, avait trouvé un directeur spirituel, qui l'aida beaucoup et dont il conserva une très grande estime, au point de lui réserver, après sa mort, une vénération également publique. Et je voudrais dire que demeure valable pour tous – prêtres, personnes consacrées et laïcs, et en particulier les jeunes – l'invitation à avoir recours aux conseils d'un bon père spirituel, capable d'accompagner chacun dans la connaissance profonde de soi, et de le conduire à l'union avec le Seigneur, afin que son existence se conforme toujours plus à l'Evangile. Pour aller vers le Seigneur, nous avons toujours besoin d'un guide, d'un dialogue. Nous ne pouvons pas le faire seulement avec nos réflexions. Et trouver un tel guide est également la marque du caractère ecclésial de notre foi.

 

En conclusion, nous pouvons résumer ainsi l'enseignement et l'expérience mystique de Syméon le Nouveau Théologien : dans sa recherche incessante de Dieu, même dans les difficultés qu'il rencontra et les critiques dont il fut l'objet, en fin de compte, il se laissa toujours guider par l'amour. Il sut vivre lui-même et enseigner à ses moines que l'essentiel pour tout disciple de Jésus est croître dans l'amour et ainsi, nous mûrissons dans la connaissance du Christ lui-même, pour pouvoir affirmer avec saint Paul : "Ce n'est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20).

 

 

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5 janvier 2011 3 05 /01 /janvier /2011 18:13

Audience Générale du Pape Benoît XVI sur Saint Pierre Damien, le 9 septembre 2009.

 

Chers frères et sœurs,

 

Au cours des catéchèses de ces mercredis, je traite certaines grandes figures de la vie de l'Eglise depuis ses origines. Je voudrais m'arrêter aujourd'hui sur l'une des personnalités les plus significatives du XIe siècle, Saint Pierre Damien, moine, amant de la solitude et dans le même temps, intrépide homme d'Eglise, engagé personnellement dans l'œuvre de réforme commencée par les Papes de l'époque.

 

Il est né à Ravenne en 1007 dans une famille noble, mais pauvre. Devenu orphelin de ses deux parents, il vécut une enfance marquée par les privations et les souffrances, même si sa sœur Roselinda s'engagea à lui servir de mère et son grand frère Damien l'adopta comme son enfant. C'est précisément pour cela qu'il sera appelé par la suite Pierre de Damien, Pierre Damien. Il suivit une formation d'abord à Faenza, puis à Parme où, à l'âge de 25 ans déjà, nous le trouvons engagé dans l'enseignement. A côté d'une bonne compétence dans le domaine du droit, il acquit une grande habileté et un raffinement dans l'art de composer – l'ars scribendi – et, grâce à sa connaissance des grands classiques latins, il devint l'"un des meilleurs latinistes de son époque, l'un des plus grands écrivains du Moyen Age latin" (J. Leclercq, Pierre Damien, ermite et homme d'Eglise, Rome, 1960, p. 172).

 

Il se distingua dans les genres littéraires les plus divers : des lettres aux sermons, des hagiographies aux prières, des poèmes aux épigrammes. Sa sensibilité pour la beauté le conduisait à la contemplation poétique du monde. Pierre Damien concevait l'univers comme une "parabole" inépuisable et une étendue de symboles, à partir de laquelle il interprétait la vie intérieure et la réalité divine et surnaturelle. Dans cette perspective, aux alentours de l'an 1034, la contemplation de l'absolu de Dieu le poussa à se détacher progressivement du monde et de ses réalités éphémères, pour se retirer dans le monastère de Fonte Avellana, fondé quelques décennies plus tôt seulement, mais déjà célèbre en raison de son austérité. Pour édifier les moines, il écrivit la Vie du fondateur, saint Romuald de Ravenne, et s'engagea dans le même temps à en approfondir la spiritualité, en exposant son idéal de monachisme érémitique.

 

Il faut immédiatement souligner un détail : l'ermitage de Fonte Avellana était consacré à la Sainte Croix, et la Croix sera le mystère chrétien qui, plus que tout autre, fascinera Pierre Damien. "Celui qui n'aime pas la Croix du Christ n'aime pas le Christ", affirme-t-il (Sermo, XVIII 11, p. 117) et il se qualifie comme "Petrus crucis Christi servorum famulus – Pierre serviteur des serviteurs de la Croix du Christ" (Ep 9, 1). Pierre Damien adresse à la Croix de très belles prières, dans lesquelles il révèle une vision de ce mystère aux dimensions cosmiques, car il embrasse toute l'histoire du Salut : "O bienheureuse Croix – s'exclame-t-il – la foi des patriarches, les prophéties des prophètes, le sénat des apôtres chargé de juger, l'armée victorieuse des martyrs et les foules de tous les saints te vénèrent, te prêchent et t'honorent" (Sermo, XVIII 14, p. 304). Chers frères et sœurs, que l'exemple de Saint Pierre Damien nous pousse nous aussi à regarder toujours la Croix comme l'acte suprême d'amour de Dieu à l'égard de l'homme, qui nous a donné le Salut.

 

Pour le déroulement de la vie érémitique, ce grand moine rédige une Règle, dans laquelle il souligne profondément la "rigueur de l'ermitage" : dans le silence du cloître, le moine est appelé à passer une longue vie de prière, diurne et nocturne, avec des jeûnes prolongés et austères ; il doit s'exercer à une généreuse charité fraternelle et à une obéissance au prieur toujours prête et disponible. Dans l'étude et la méditation quotidienne, Pierre Damien découvre les significations mystiques de la Parole de Dieu, trouvant dans celle-ci une nourriture pour sa vie spirituelle. C'est dans ce sens qu'il qualifie la cellule de l'ermitage de "parloir où Dieu converse avec les hommes". La vie érémitique est pour lui le sommet de la vie chrétienne, elle se trouve "au sommet des états de vie", car le moine, désormais libre des liens du monde et de son propre moi, reçoit "les arrhes de l'Esprit Saint et son âme s'unit heureuse à l'Epoux céleste" (Ep 18, 17 ; cf. Ep 28, 43sq). Cela apparaît important également pour nous aujourd'hui, même si nous ne sommes pas des moines : savoir faire le silence en nous pour écouter la voix de Dieu, chercher, pour ainsi dire un "parloir" où Dieu parle avec nous : apprendre la Parole de Dieu dans la prière et dans la méditation est le chemin de la vie.

 

Saint Pierre Damien, qui fut substantiellement un homme de prière, de méditation, de contemplation, fut également un fin théologien : sa réflexion sur différents thèmes doctrinaux le conduit à des conclusions importantes pour la vie. Ainsi, par exemple, il expose avec clarté et vivacité la doctrine trinitaire en utilisant déjà, dans le sillage des textes bibliques et patristiques, les trois termes fondamentaux, qui sont ensuite devenus déterminants également pour la philosophie de l'Occident, processio, relatio et persona (cf. Opusc. XXXVIII:  PL CXLV, 633-642; et Opusc. II et III:  ibid., 41sq et 58sq). Toutefois, étant donné que l'analyse théologique du mystère le conduit à contempler la vie intime de Dieu et le dialogue d'amour ineffable entre les trois Personnes divines, il en tire des conclusions ascétiques pour la vie en communauté et pour les relations entre chrétiens latins et grecs, divisés sur ce thème. La méditation sur la figure du Christ a elle aussi des conséquences pratiques significatives, toute l'Ecriture étant axée sur Lui. Le "peuple des juifs – note Saint Pierre Damien –, à travers les pages de l'Ecriture Sainte, a comme porté le Christ sur ses épaules" (Sermo XLVI, 15). Le Christ, ajoute-t-il, doit donc se trouver au centre de la vie du moine : "Que le Christ soit entendu dans notre langue, que le Christ soit vu dans notre vie, qu'il soit perçu dans notre cœur" (Sermo VIII, 5). L'union intime avec le Christ engage non seulement les moines, mais tous les baptisés. Nous trouvons ici un rappel puissant, également pour nous, à ne pas nous laisser totalement prendre par les activités, par les problèmes et par les préoccupations de chaque jour, en oubliant que Jésus doit vraiment être au centre de notre vie.

 

La communion avec le Christ crée l'unité d'amour entre les chrétiens. Dans la lettre 28, qui est un traité d'ecclésiologie de génie, Pierre Damien développe une profonde théologie de l'Eglise comme communion. "L'Eglise du Christ– écrit-il – est unie dans le lien de la charité au point que, de même qu'elle est une en plusieurs membres, elle est tout entière mystiquement dans chacun des membres ; si bien que toute l'Eglise universelle se dénomme à juste titre unique Epouse du Christ au singulier, et chaque âme élue, par le mystère sacramentel, est considérée comme pleinement Eglise". Cela est important : non seulement l'Eglise universelle tout entière est unie, mais en chacun de nous devrait être présente l'Eglise dans sa totalité. Ainsi le service de l'individu devient "expression de l'universalité" (Ep 28, 9-23). Toutefois, l'image idéale de la "sainte Eglise" illustrée par Pierre Damien ne correspond pas – il le savait bien – à la réalité de son temps. C'est pourquoi il ne craint pas de dénoncer l'état de corruption existant dans les monastères et parmi le clergé, en raison, avant tout, de la pratique de laisser les autorités laïques remettre l'investiture des charges ecclésiastiques : plusieurs évêques et abbés se comportaient en gouverneurs de leurs propres sujets plus qu'en pasteurs des âmes. Souvent, leur vie morale laissait beaucoup à désirer. C'est pourquoi, avec une grande douleur et tristesse, en 1057, Pierre Damien quitte le monastère et accepte, bien qu'avec difficulté, la nomination comme cardinal évêque d'Ostie, entrant ainsi pleinement en collaboration avec les Papes dans l'entreprise difficile de la réforme de l'Eglise. Il a vu que la contemplation n'était pas suffisante et il a dû renoncer à la beauté de la contemplation pour apporter son aide à l'œuvre de renouveau de l'Eglise. Il a ainsi renoncé à la beauté de l'ermitage et avec courage il a entrepris de nombreux voyages et missions.

 

Pour son amour de la vie monastique, dix ans plus tard, en 1067, il obtient la permission de retourner à Fonte Avellana, en renonçant au diocèse d'Ostie. Mais la tranquillité à laquelle il aspirait dure peu de temps : à peine deux ans plus tard, il est envoyé à Francfort dans le tentative d'empêcher le divorce d'Henri IV de sa femme Berthe ; et de nouveau deux ans plus tard, en 1071, il se rend au Mont Cassin pour la consécration de l'église abbatiale et au début de 1072 il va à Ravenne pour rétablir la paix avec l'archevêque local, qui avait soutenu l'antipape en frappant la ville d'interdiction. Pendant le voyage de retour à son ermitage, une maladie subite le contraint à s'arrêter à Faenza dans le monastère bénédictin de "Santa Maria Vecchia fuori porta", et il y meurt dans la nuit du 22 au 23 février 1072.

 

Chers frères et sœurs, c'est une grande grâce que dans la vie de l'Eglise, le Seigneur ait suscité une personnalité aussi exubérante, riche et complexe que celle de Saint Pierre Damien et il n'est pas commun de trouver des œuvres de théologie et de spiritualité aussi pointues et vives que celles de l'ermite de Fonte Avellana. Il fut moine jusqu'au bout, avec des formes d'austérité qui aujourd'hui, pourraient presque nous sembler excessives. Mais de cette manière, il a fait de la vie monastique un témoignage éloquent du primat de Dieu et un rappel pour tous à cheminer vers la sainteté, libres de tout compromis avec le mal. Il se consuma, avec une cohérence lucide et une grande sévérité, pour la réforme de l'Eglise de son temps. Il consacra toutes ses énergies spirituelles et physiques au Christ et à l'Eglise, en restant toujours, comme il aimait se définir, Petrus ultimus monachorum servus, Pierre, le dernier serviteur des moines.

 

 

 

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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 13:58

Extrait du Message du Pape Benoît XVI pour la Journée Mondiale de prière pour la Paix, le 1er janvier 2010.

 

9. […] La crise écologique offre […] une opportunité historique pour élaborer une réponse collective destinée à convertir le modèle de développement global selon une orientation plus respectueuse de la Création et en faveur du développement humain intégral, s’inspirant des valeurs propres de la charité dans la vérité. Je souhaite donc l’adoption d’un modèle de développement basé sur le caractère central de l’être humain, sur la promotion et le partage du bien commun, sur la responsabilité, sur la conscience d’un changement nécessaire des styles de vie et sur la prudence, vertu qui indique les actes à accomplir aujourd’hui en prévision de ce qui peut arriver demain.

 

10. Afin de conduire l’humanité vers une gestion d’ensemble plus durable de l’environnement et des ressources de la planète, l’homme est appelé à engager son intelligence dans le domaine de la recherche scientifique et technologique et dans l’application des découvertes qui en découlent. La « nouvelle solidarité » que Jean-Paul II propose dans le Message pour la Journée Mondiale de la Paix de 1990, et la « solidarité mondiale » à laquelle j’ai moi-même fait appel dans le Message pour la Journée Mondiale de la Paix de 2009, sont des attitudes essentielles pour orienter les efforts en vue de la sauvegarde de la Création, par un système de gestion des ressources de la terre mieux coordonné au niveau international, surtout au moment où apparaît, de façon toujours plus évidente, la forte relation qui existe entre la lutte contre la dégradation environnementale et la promotion du développement humain intégral. Il s’agit d’une dynamique incontournable, car le développement intégral de l’homme ne peut aller sans le développement solidaire de l’humanité. […] La question écologique ne doit pas être affrontée seulement en raison des perspectives effrayantes que la dégradation environnementale dessine à l’horizon ; c’est la recherche d’une authentique solidarité à l’échelle mondiale, inspirée par les valeurs de la charité, de la justice et du bien commun, qui doit surtout la motiver. D’ailleurs, comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler, la technique n’est jamais purement technique. Elle montre l’homme et ses aspirations au développement, elle exprime la tendance de l’esprit humain au dépassement progressif de certains conditionnements matériels. La technique s’inscrit donc dans la mission de « cultiver et de garder la terre » (cf. Gn 2, 15) que Dieu a confiée à l’homme, et elle doit tendre à renforcer l’alliance entre l’être humain et l’environnement appelé à être le reflet de l’amour créateur de Dieu.

 

11. Il apparaît toujours plus clairement que le thème de la dégradation environnementale met en cause les comportements de chacun de nous, les styles de vie et les modèles de consommation et de production actuellement dominants, souvent indéfendables du point de vue social, environnemental et même économique. Un changement effectif de mentalité qui pousse chacun à adopter de nouveaux styles de vie, selon lesquels les éléments qui déterminent les choix de consommation, d’épargne et d’investissement soient la recherche du vrai, du beau et du bon, ainsi que la communion avec les autres hommes pour une croissance commune, devient désormais indispensable. On doit toujours plus éduquer à construire la paix à partir de choix de grande envergure au niveau personnel, familial, communautaire et politique. Nous sommes tous responsables de la protection et du soin de la Création. Cette responsabilité ne connaît pas de frontières. Selon le principe de subsidiarité, il est important que chacun s’engage à son propre niveau, travaillant afin que soit dépassée la suprématie des intérêts particuliers. Un rôle de sensibilisation et de formation incombe en particulier aux divers sujets de la société civile et aux Organisations non-gouvernementales, qui se dépensent avec détermination et générosité à l’expansion d’une responsabilité écologique, qui devrait être toujours plus attachée au respect de « l’écologie humaine ». Il faut, en outre, rappeler la responsabilité des médias dans ce domaine en proposant des modèles positifs dont on puisse s’inspirer. S’occuper de l’environnement demande donc une vision large et globale du monde ; un effort commun et responsable pour passer d’une logique centrée sur l’intérêt nationaliste égoïste à une vision qui embrasse toujours les besoins de tous les peuples. On ne peut rester indifférents à ce qui arrive autour de nous, parce que la détérioration de n’importe quelle partie de la planète retomberait sur tous. Les relations entre les personnes, les groupes sociaux et les États, comme entre l’homme et l’environnement, sont appelées à prendre le style du respect et de la « charité dans la vérité ». Dans ce vaste contexte, il est plus que jamais souhaitable que les efforts de la communauté internationale visant à obtenir un désarmement progressif et un monde privé d’armes nucléaires – dont la seule présence menace la vie de la planète et le processus de développement intégral de l’humanité actuelle et future – se concrétisent et trouvent un consensus.

 

12. L’Église a une responsabilité vis-à-vis de la Création et elle pense qu’elle doit l’exercer également dans le domaine public, pour défendre la terre, l’eau et l’air, dons du Dieu Créateur à tous, et, avant tout, pour protéger l’homme du danger de sa propre destruction. La dégradation de la nature est, en effet, étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine, c’est pourquoi quand l’“écologie humaine” est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage. On ne peut exiger des jeunes qu’ils respectent l’environnement, si on ne les aide pas, en famille et dans la société, à se respecter eux-mêmes : le livre de la nature est unique, aussi bien à propos de l’environnement que de l’éthique personnelle, familiale et sociale. Les devoirs vis-à-vis de l’environnement découlent des devoirs vis-à-vis de la personne considérée en elle-même, et en relation avec les autres. J’encourage donc volontiers l’éducation à une responsabilité écologique, qui, comme je l’ai indiqué dans l’encyclique Caritas in veritate, préserve une authentique écologie humaine, et affirme ensuite avec une conviction renouvelée l’inviolabilité de la vie humaine à toutes ses étapes et quelle que soit sa condition, la dignité de la personne et la mission irremplaçable de la famille, au sein de laquelle on est éduqué à l’amour envers le prochain et au respect de la nature. Il faut sauvegarder le patrimoine humain de la société. Ce patrimoine de valeurs a son origine et est inscrit dans la loi morale naturelle, qui est à la base du respect de la personne humaine et de la Création.

 

13. Enfin, un fait hautement significatif à ne pas oublier est que beaucoup trouvent la tranquillité et la paix, se sentent renouvelés et fortifiés, lorsqu’ils sont en contact étroit avec la beauté et l’harmonie de la nature. Il existe donc une sorte de réciprocité : si nous prenons soin de la Création, nous constatons que Dieu, par l’intermédiaire de la Création, prend soin de nous. Par ailleurs, une conception correcte de la relation de l’homme avec l’environnement ne conduit pas à absolutiser la nature ni à la considérer comme plus importante que la personne elle-même. Si le Magistère de l’Église exprime sa perplexité face à une conception de l’environnement qui s’inspire de l’éco-centrisme et du bio-centrisme, il le fait parce que cette conception élimine la différence ontologique et axiologique qui existe entre la personne humaine et les autres êtres vivants. De cette manière, on en arrive à éliminer l’identité et la vocation supérieure de l’homme, en favorisant une vision égalitariste de la « dignité » de tous les êtres vivants. On se prête ainsi à un nouveau panthéisme aux accents néo-païens qui font découler le Salut de l’homme de la seule nature, en son sens purement naturaliste. L’Église invite au contraire à aborder la question de façon équilibrée, dans le respect de la « grammaire » que le Créateur a inscrite dans son œuvre, en confiant à l’homme le rôle de gardien et d’administrateur responsable de la Création, rôle dont il ne doit certes pas abuser, mais auquel il ne peut se dérober. En effet, la position contraire qui absolutise la technique et le pouvoir humain, finit par être aussi une grave atteinte non seulement à la nature, mais encore à la dignité humaine elle-même.

 

14. « Si tu veux construire la paix, protège la Création ». La recherche de la paix de la part de tous les hommes de bonne volonté sera sans nul doute facilitée par la reconnaissance commune du rapport indissoluble qui existe entre Dieu, les êtres humains et la Création tout entière. Les chrétiens, illuminés par la Révélation divine et suivant la Tradition de l’Église, offrent leur contribution propre. Ils considèrent le cosmos et ses merveilles à la lumière de l’œuvre créatrice du Père et rédemptrice du Christ qui, par sa mort et sa résurrection, a « tout réconcilié […] sur la terre et dans les cieux » (Col1, 20) avec Dieu. Le Christ, crucifié et ressuscité, a fait don à l’humanité de son Esprit sanctificateur, qui conduit le cours de l’Histoire, dans l’attente du jour où le retour glorieux du Seigneur inaugurera « un ciel nouveau et une terre nouvelle » (2 P 3, 13) où résideront pour toujours la justice et la paix. Toute personne a donc le devoir de protéger l’environnement naturel pour construire un monde pacifique. C’est là un défi urgent à relever par un engagement commun renouvelé. C’est aussi une opportunité providentielle pour offrir aux nouvelles générations la perspective d’un avenir meilleur pour tous. Que les responsables des nations et tous ceux qui, à tous les niveaux, prennent à cœur les destinées de l’humanité en soient conscients : la sauvegarde de la Création et la réalisation de la paix sont des réalités étroitement liées entre elles! C’est pourquoi, j’invite tous les croyants à élever leur fervente prière vers Dieu, Créateur tout-puissant et Père miséricordieux, afin qu’au cœur de tout homme et de toute femme résonne, soit accueilli et vécu cet appel pressant : « Si tu veux construire la paix, protège la Création ».

 

 

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2 janvier 2011 7 02 /01 /janvier /2011 11:00

Extrait du Message du Pape Benoît XVI pour la Journée Mondiale de prière pour la Paix, le 1er janvier 2010.

 

5. […] Il faut considérer que la crise écologique ne peut être appréhendée séparément des questions qui s’y rattachent, étant profondément liée au concept même de développement et à la vision de l’homme et de ses relations avec ses semblables et avec la Création. Il est donc sage d’opérer unerévision profonde et perspicace du modèle de développement, et de réfléchir également sur le sens de l’économie et de ses objectifs, pour en corriger les dysfonctionnements et les déséquilibres. L’état de santé écologique de la planète l’exige ; la crise culturelle et morale de l’homme le requiert aussi et plus encore, crise dont les symptômes sont évidents depuis un certain temps partout dans le monde. L’humanité a besoin d’un profond renouvellement culturel ; elle a besoin deredécouvrir les valeurs qui constituent le fondement solide sur lequel bâtir un avenir meilleur pour tous. Les situations de crise qu’elle traverse actuellement – de nature économique, alimentaire, environnementale ou sociale – sont, au fond, aussi des crises morales liées les unes aux autres. Elles obligent à repenser le cheminement commun des hommes. Elles contraignent, en particulier, à adopter une manière de vivre basée sur la sobriété et la solidarité, avec de nouvelles règles et des formes d’engagement s’appuyant avec confiance et avec courage sur les expériences positives faites et rejetant avec décision celles qui sont négatives. Ainsi seulement, la crise actuelle devient-elle une occasion de discernement et de nouvelle planification.

 

6. N’est-il pas vrai qu’à l’origine de celle que nous appelons la « nature » dans son sens cosmique, il y a un dessein d’amour et de vérité? Le monde « n’est pas le fruit d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard […]. Le monde tire son origine de la libre volonté de Dieu, qui a voulu faire participer les créatures à son être, à sa sagesse et à sa bonté » (CEC § 295). Dans ses premières pages, le Livre de la Genèse nous reconduit au sage projet du cosmos, fruit de la pensée de Dieu, au sommet duquel sont placés l’homme et la femme, créés à l’image et à la ressemblance du Créateur pour « remplir la terre » et pour « la soumettre » comme des « intendants » de Dieu lui-même (cf. Gn 1, 28). L’harmonie entre le Créateur, l’humanité et la création, que l’Écriture Sainte décrit, a été rompue par le péché d’Adam et d’Ève, de l’homme et de la femme, qui ont désiré prendre la place de Dieu, refusant de se reconnaître comme ses créatures. En conséquence, la tâche de « soumettre » la terre, de la « cultiver et de la garder » a été altérée, et entre eux et le reste de la Création est né un conflit (cf. Gn 3, 17-19). L’être humain s’est laissé dominer par l’égoïsme, en perdant le sens du mandat divin, et dans sa relation avec la Création, il s’est comporté comme un exploiteur, voulant exercer sur elle une domination absolue. Toutefois, la véritable signification du commandement premier de Dieu, bien mis en évidence dans le Livre de la Genèse, ne consistait pas en une simple attribution d’autorité, mais plutôt en un appel à la responsabilité. Du reste, la sagesse des anciens reconnaissait que la nature est à notre disposition, non pas comme un tas de choses répandues au hasard, alors que la Révélation biblique nous a fait comprendre que la nature est un don du Créateur, qui en a indiqué les lois intrinsèques, afin que l’homme puisse en tirer les orientations nécessaires pour « la garder et la cultiver » (cf. Gn 2, 15). Tout ce qui existe appartient à Dieu, qui l’a confié aux hommes, mais non pour qu’ils en disposent arbitrairement. Quand, au lieu d’accomplir son rôle de collaborateur de Dieu, l’homme se substitue à Lui, il finit par provoquer la rébellion de la nature, plus tyrannisée que gouvernée par lui. L’homme a donc le devoir d’exercer un gouvernement responsable de la Création, en la protégeant et en la cultivant.

 

7. Malheureusement, on doit constater qu’une multitude de personnes, dans divers pays et régions de la planète, connaissent des difficultés toujours plus grandes à cause de la négligence ou du refus de beaucoup de veiller de façon responsable sur l’environnement. Le Concile œcuménique Vatican II a rappelé que « Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples ». L’héritage de la Création appartient donc à l’humanité tout entière. Par contre, le rythme actuel d’exploitation met sérieusement en danger la disponibilité de certaines ressources naturelles non seulement pour la génération présente, mais surtout pour les générations futures. Il n’est pas difficile dès lors de constater que la dégradation de l’environnement est souvent le résultat du manque de projets politiques à long terme ou de la poursuite d’intérêts économiques aveugles, qui se transforment, malheureusement, en une sérieuse menace envers la Création. Pour contrer ce phénomène, en s’appuyant sur le fait que toute décision économique a une conséquence de caractère moral, il est aussi nécessaire que l’activité économique respecte davantage l’environnement. Quand on utilise des ressources naturelles, il faut se préoccuper de leur sauvegarde, en en prévoyant aussi les coûts en termes environnementaux et sociaux , qui sont à évaluer comme un aspect essentiel des coûts mêmes de l’activité économique. Il revient à la communauté internationale et aux gouvernements de chaque pays de donner de justes indications pour s’opposer de manière efficace aux modes d’exploitation de l’environnement qui lui sont nuisibles. Pour protéger l’environnement, pour sauvegarder les ressources et le climat, il convient, d’une part, d’agir dans le respect de normes bien définies, également du point de vue juridique et économique, et, d’autre part, de tenir compte de la solidarité due à ceux qui habitent les régions plus pauvres de la terre et aux générations futures.

 

8. La mise en place d’une solidarité intergénérationnelle loyale semble en effet urgente. Les coûts découlant de l’usage des ressources environnementales communes ne peuvent être à la charge des générations futures : « Héritiers des générations passées et bénéficiaires du travail de nos contemporains, nous avons des obligations envers tous, et nous ne pouvons nous désintéresser de ceux qui viendront agrandir après nous le cercle de la famille humaine. La solidarité universelle qui est un fait, et un bénéfice pour nous, est aussi un devoir. Il s’agit d’une responsabilité que les générations présentes ont envers les générations à venir, une responsabilité qui appartient aussi aux Etats individuellement et à la Communauté internationale » (Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, § 467). L’usage des ressources naturelles devrait être tel que les avantages immédiats ne comportent pas de conséquences négatives pour les êtres vivants, humains et autres, présents et futurs ; que la sauvegarde de la propriété privée ne fasse pas obstacle à la destination universelle des biens ; que l’intervention de l’homme ne compromette pas la fécondité de la terre, pour le bien d’aujourd’hui et celui de demain. Au-delà d’une loyale solidarité intergénérationnelle, l’urgente nécessité morale d’une solidarité intra-générationnelle renouvelée doit être réaffirmée, spécialement dans les relations entre les pays en voie de développement et les pays hautement industrialisés : la communauté internationale a le devoir impératif de trouver les voies institutionnelles pour réglementer l’exploitation des ressources non renouvelables, en accord avec les pays pauvres, afin de planifier ensemble l’avenir. La crise écologique montre l’urgence d’une solidarité qui se déploie dans l’espace et le temps. Il est en effet important de reconnaître, parmi les causes de la crise écologique actuelle, la responsabilité historique des pays industrialisés. Les pays moins développés, et en particulier les pays émergents, ne sont pas toutefois exonérés de leur propre responsabilité par rapport à la Création, parce que tous ont le devoir d’adopter graduellement des mesures et des politiques environnementales efficaces. Ceci pourrait se réaliser plus facilement s’il y avait des calculs moins intéressés dans l’assistance, dans la transmission des connaissances et l’utilisation de technologies plus respectueuses de l’environnement.

 

 

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1 janvier 2011 6 01 /01 /janvier /2011 12:19

Extrait du Message du Pape Benoît XVI pour la Journée Mondiale de prière pour la Paix, le 1er janvier 2010.

 

1. Au début de cette nouvelle année, je désire adresser mes vœux de paix les plus fervents à toutes les communautés chrétiennes, aux responsables des Nations, aux hommes et aux femmes de bonne volonté du monde entier. J’ai choisi comme thème pour cette 43e Journée Mondiale de la Paix : Si tu veux construire la paix, protège la Création. Le respect de la Création revêt une grande importance, car « la Création est le début et le fondement de toutes les œuvres de Dieu » (CEC § 198) et, aujourd’hui, sa sauvegarde devient essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si, en effet, à cause de la cruauté de l’homme envers l’homme, nombreuses sont les menaces qui mettent en péril la paix et le développement intégral authentique de l’homme – guerres, conflits internationaux et régionaux, actes terroristes et violations des droits de l’homme – les menaces engendrées par le manque d’attention – voire même par les abus – vis-à-vis de la terre et des biens naturels, qui sont un don de Dieu, ne sont pas moins préoccupantes. C’est pour cette raison qu’il est indispensable que l’humanité renouvelle et renforce l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons.

 

2. Dans l’Encyclique Caritas in veritate, j’ai souligné que le développement humain intégral est étroitement lié aux devoirs qui découlent du rapport de l’homme avec l’environnement naturel,considéré comme un don de Dieu fait à tous, dont l’exploitation comporte une commune responsabilité à l’égard de l’humanité tout entière, en particulier envers les pauvres et les générations à venir. J’ai noté, en outre, que lorsque la nature et, en premier lieu, l’être humain sont considérés simplement comme le fruit du hasard ou du déterminisme de l’évolution, la conscience de cette responsabilité risque de s’atténuer dans les esprits. Au contraire, considérer la Création comme un don de Dieu à l’humanité nous aide à comprendre la vocation et la valeur de l’homme. Avec le psalmiste, pleins d’émerveillement, nous pouvons proclamer en effet : « À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci? » (Ps 8, 4-5). Contempler la beauté de la Création nous aide à reconnaître l’amour du Créateur, Amour qui, comme l’écrit Dante Alighieri, « meut le soleil et les autres étoiles ».

 

3. Il y a vingt ans, en consacrant le Message de la Journée Mondiale de la Paix au thème La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la Création,le Pape Jean-Paul II attirait l’attention sur la relation que nous avons, en tant que créatures de Dieu, avec l’univers qui nous entoure. « À l’heure actuelle, on constate – écrivait-il – une plus vive conscience des menaces qui pèsent sur la paix mondiale […] à cause des atteintes au respect dû à la nature ». Et il ajoutait que la conscience écologiquene doit pas être freinée, mais plutôt favorisée, « en sorte qu’elle se développe et mûrisse en trouvant dans des programmes et des initiatives concrets l’expression qui convient ». Auparavant, d’autres parmi mes Prédécesseurs avaient déjà fait allusion à la relation existant entre l’homme et l’environnement. Par exemple, en 1971, à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’Encyclique Rerum Novarumde Léon XIII, Paul VI avait souligné que « par une exploitation inconsidérée de la nature, (l’homme) risque de la détruire et d’être, à son tour, la victime de cette dégradation ». Et il ajoutait qu’ainsi « non seulement l’environnement matériel devient une menace permanente : pollutions et déchets, nouvelles maladies, pouvoir destructeur absolu, mais c’est le cadre humain que l’homme ne maîtrise plus, créant ainsi pour demain un environnement qui pourra lui être intolérable : problème social d’envergure qui regarde la famille humaine tout entière ».

 

4. Bien qu’évitant d’entrer dans des solutions techniques spécifiques, l’Église, « experte en humanité », s’empresse de rappeler avec force l’attention sur la relation entre le Créateur, l’être humain et la Création. En 1990, Jean-Paul II parlait de « crise écologique » et, en soulignant que celle-ci avait un caractère principalement éthique, il indiquait « la nécessité morale urgente d’une solidarité nouvelle ». Cet appel est encore plus pressant aujourd’hui, face aux manifestations croissantes d’une crise qu’il serait irresponsable de ne pas prendre sérieusement en considération. Comment demeurer indifférents face aux problématiques qui découlent de phénomènes tels que les changements climatiques, la désertification, la dégradation et la perte de productivité de vastes surfaces agricoles, la pollution des fleuves et des nappes phréatiques, l’appauvrissement de la biodiversité, l’augmentation des phénomènes naturels extrêmes, le déboisement des zones équatoriales et tropicales? Comment négliger le phénomène grandissant de ce qu’on appelle les « réfugiés de l’environnement » : ces personnes qui, à cause de la dégradation de l’environnement où elles vivent, doivent l’abandonner – souvent en même temps que leurs biens – pour affronter les dangers et les inconnues d’un déplacement forcé? Comment ne pas réagir face aux conflits réels et potentiels liés à l’accès aux ressources naturelles?Toutes ces questions ont un profond impact sur l’exercice des droits humains, comme par exemple le droit à la vie, à l’alimentation, à la santé, au développement.

 

 

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 14:05

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI aux enseignants et étudiants des universités catholiques romaines, le 19 novembre 2009.

 

Messieurs les cardinaux,

Vénérés frères dans l'épiscopat et dans le sacerdoce,

Illustres recteurs, autorité académiques et professeurs,

Chers étudiants, frères et sœurs!

 

C'est avec joie que je vous accueille et que je vous remercie d'être venus ad Petri Sedem, pour être confirmés dans votre importante et exigeante tâche d'enseignement, d'étude et de recherche au service de l'Eglise et de la société tout entière (…).

 

Je suis heureux de (…) souligner encore une fois le rôle irremplaçable des facultés ecclésiastiques et des universités catholiques dans l'Eglise et dans la société. Le Concile Vatican II l'avait déjà bien souligné dans la Déclaration Gravissimum educationis, lorsqu'il exhortait les facultés ecclésiastiques à approfondir les divers secteurs des sciences sacrées, pour avoir une connaissance toujours plus approfondie de la Révélation, pour explorer le trésor de la sagesse chrétienne, favoriser le dialogue œcuménique et interreligieux, et pour répondre aux problèmes naissants dans le domaine culturel (cf. n. 11). Ce même document conciliaire recommandait de promouvoir les universités catholiques, en les répartissant dans les différentes régions du monde et, surtout, en soignant leur niveau qualitatif pour former des personnes qui se passionnent pour la connaissance, prêtes à témoigner de leur foi dans le monde et à exercer des rôles de responsabilité dans la société (cf. n. 10). L'invitation du Concile a trouvé un vaste écho dans l'Eglise. En effet, aujourd'hui, il y a plus de 1.300 universités catholiques et environ 400 facultés ecclésiastiques, présentes sur tous les continents, un grand nombre d'entre elles étant nées au cours des dernières décennies, témoignant d'une attention croissante des Eglises particulières pour la formation des ecclésiastiques et des laïcs à la culture et à la recherche.

 

La Constitution apostolique Sapientia christiana, dès ses premières lignes, relève l'urgence, encore actuelle, de surmonter le fossé existant entre foi et culture, en invitant à un plus grand engagement d'évangélisation, dans la ferme conviction que la Révélation chrétienne est une force transformatrice, destinée à imprégner les modes de penser, les critères de jugement, les règles d'action. Celle-ci est en mesure d'illuminer, de purifier et de renouveler les coutumes des hommes et leurs cultures et elle doit constituer le point central de l'enseignement et de la recherche, ainsi que l'horizon qui illumine la nature et la finalité de chaque faculté ecclésiastique. Dans cette perspective, alors qu'est souligné le devoir des chercheurs des disciplines sacrées de rejoindre, avec la recherche théologique, une connaissance plus profonde de la vérité révélée, sont encouragés, dans le même temps, les contacts dans les autres domaines du savoir, pour un dialogue fructueux, en particulier dans le but d'offrir une précieuse contribution à la mission que l'Eglise est appelée à exercer dans le monde. Après trente ans, les lignes de fond de la Constitution apostolique Sapientia christiana conservent encore toute leur actualité. Dans la société actuelle, où la connaissance devient toujours plus spécialisée et sectorielle, mais est profondément marquée par le relativisme, il apparaît même encore davantage nécessaire de s'ouvrir à la "sagesse" qui vient de l'Evangile. En effet, l'homme est incapable de se comprendre pleinement lui-même et de comprendre le monde sans Jésus Christ : Lui seul illumine sa véritable dignité, sa vocation, son destin ultime et ouvre le cœur à une espérance solide et durable.

 

Chers amis, votre engagement de servir la vérité que Dieu nous a révélée participe de la mission évangélisatrice que le Christ a confiée à l'Eglise : c'est donc un service ecclésial. Sapientia christiana cite, à cet égard, la conclusion de l'Evangile selon Matthieu : "Allez donc! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils, et du Saint Esprit ; et apprenez-leur à garder tous les commandements que je vous ai donnés" (Mt 28, 19-20). Il est important pour tous, professeurs et étudiants, de ne jamais perdre de vue l'objectif à poursuivre, c'est-à-dire celui d'être un instrument de l'annonce évangélique. Les années des études ecclésiastiques supérieures peuvent être comparées à l'expérience que les Apôtres ont vécue avec Jésus : en étant avec Lui, ils ont appris la vérité, pour ensuite en devenir partout les annonciateurs. Dans le même temps, il est important de rappeler que l'étude des sciences sacrées ne doit jamais être séparée de la prière, de l'union avec Dieu, de la contemplation (…), autrement les réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel. Chaque science sacrée, à la fin, renvoie à la "science des saints", à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à la sagesse, qui est un don de l'Esprit Saint, et qui est l'âme de la "fides quaerens intellectum" (cf. Audience générale, 21 octobre 2009).

 

 

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 18:21

Le 27 décembre 2009, à l'occasion de la fête de la Sainte-Famille, le Pape Benoît XVI s'est rendu dans le quartier du Trastevere (Rome) à la cantine Via Dandolo, gérée par la Communauté de Sant'Egidio. Après avoir déjeuné au milieu de quelque 150 personnes sans-abri et démunies, dont de nombreux immigrés provenant du Nigeria, de Somalie et d'Afghanistan, le Pape a prononcé le discours suivant.

 

Chers amis,

 

C'est pour moi une expérience émouvante d'être avec vous, d'être ici dans la famille de la Communauté de Sant'Egidio, d'être avec les amis de Jésus, car Jésus aime en particulier les personnes qui souffrent, les personnes en difficulté et il veut les recevoir comme ses frères et ses sœurs. Merci pour cela ! Je suis très heureux et je remercie ceux qui, avec amour et compétence, ont préparé le repas – j'ai réellement apprécié cette cuisine, tous mes compliments !

 

[…] Au cours du repas, j'ai pu connaître un peu l'histoire de certains d'entre vous, comme reflet des situations humaines ici présentes ; j'ai écouté des histoires douloureuses et riches d'humanité, également des histoires d'un amour retrouvé ici, à Sant'Egidio : des expériences de personnes âgées, d'immigrés, de personnes sans domicile fixe, de gitans, de porteurs de handicap, de personnes avec des problèmes économiques ou d'autres difficultés, toutes, d'une façon ou d'une autre, éprouvées par la vie. Je suis ici parmi vous pour vous dire que je suis proche de vous, que je vous aime et que vos personnes et vos histoires ne sont pas loin de mes pensées, mais au centre et au cœur de la communauté des croyants et donc également de mon cœur.

 

À travers les gestes d'amour de ceux qui suivent Jésus, la vérité apparaît selon laquelle « (Dieu) le premier nous a aimés ; c'est pourquoi, nous aussi, nous pouvons répondre par l'amour » (Encycl. Deus caritas est , 17). Jésus dit : « car j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi » (Mt 25, 35-36). Et il conclut : « Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (v. 40). En écoutant ces paroles, comment ne pas se sentir vraiment les amis de ceux en qui le Seigneur se reconnaît ? Et pas seulement des amis, mais aussi des membres de leur famille. Je suis venu parmi vous précisément en la fête de la Sainte-Famille car, dans un certain sens, celle-ci vous ressemble. En effet, dès ses premiers pas, la famille de Jésus a elle aussi rencontré des difficultés : elle a vécu le problème de ne pas trouver l'hospitalité, elle fut obligée d'émigrer en Égypte en raison de la violence du roi Hérode. Vous savez bien ce que signifie la difficulté, mais vous trouvez ici quelqu'un qui vous aime et qui vous aide, et certains ont même trouvé ici leur famille, grâce au service plein d'attention de la Communauté de Sant'Egidio, qui offre un signe de l'amour de Dieu pour les pauvres.

 

Ici, se réalise aujourd'hui ce qui se passe à la maison : celui qui sert et qui aide se confond avec celui qui est aidé et servi, et à la première place se trouve celui qui en a davantage besoin. L'expression suivante du Psaume me revient à l'esprit : « Voyez ! Qu'il est bon, qu'il est doux d'habiter en frères tous ensemble ! » (Ps 133, 1). L'engagement pour que ceux qui sont seuls ou en difficulté se sentent en famille, mené à bien d'une manière digne d'éloges par la Communauté de Sant'Egidio, naît de l'écoute attentive de la Parole de Dieu et de la prière. Je désire encourager chacun à persévérer sur ce chemin de foi. Avec les paroles de saint Jean Chrysostome, je voudrais rappeler à chacun : « Pense que tu deviens prêtre du Christ, en donnant avec ta propre main non de la chair mais du pain, non du sang, mais un verre d'eau » (Homélies sur l'Évangile de Matthieu, 42, 3). Quelle richesse offre à la vie l'amour de Dieu, qui s'exprime dans le service concret envers nos frères qui sont dans le besoin ! À l'époque, lorsque les magistrats romains intimèrent à Saint Laurent, diacre de l'Église de Rome, de remettre les trésors de l'Église, il montra les pauvres de Rome comme le vrai trésor de l'Église. En rappelant le geste de Saint Laurent, nous pouvons bien dire que vous qui êtes pauvres êtes aussi le trésor précieux de l'Église.

 

Aimer, servir donne la joie du Seigneur qui dit : « Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Ac 20, 35). En cette époque de difficultés économiques particulières, que chacun soit signe d'espérance et témoin d'un monde nouveau pour celui qui, enfermé dans son propre égoïsme et ayant l'illusion de pouvoir être heureux tout seul, vit dans la tristesse ou dans une joie éphémère qui laisse le cœur vide.

 

Quelques jours se sont écoulés depuis le Saint Noël : Dieu s'est fait Enfant, il s'est fait proche de nous pour nous dire qu'il nous aime et qu'il a besoin de notre amour. Je souhaite à tous avec affection de bonnes fêtes et la joie de connaître toujours plus l'amour de Dieu. J'invoque la protection de la Vierge de la Visitation, celle qui nous enseigne à nous « hâter » de répondre aux besoins de nos frères et je vous bénis avec affection.

 

 

Avant de quitter le foyer de la Communauté de Sant'Egidio, le Pape Benoît XVI a adressé un salut à la foule qui s'était rassemblée à l'extérieur :

 

Chers Frères et Sœurs,

 

Après avoir participé au repas de fête du foyer de la Communauté de Sant'Egidio et avoir salué quelques étudiants de l'École de langues et de culture de la Communauté, j'adresse mes vœux les plus chaleureux à vous tous qui n'avez pas pu rentrer, mais qui avez pris part à cette rencontre de l'extérieur, depuis déjà une heure ou deux m'a-t-on dit. Merci !

 

De nombreuses personnes, provenant de divers pays, marquées par le besoin, se retrouvent ici pour chercher une parole, une aide, une lumière pour un avenir meilleur. Engagez-vous afin que personne ne soit seul, que personne ne soit exclu, que personne ne soit abandonné.

 

Il y a un langage qui, au-delà des différentes langues, unit tout : celui de l'amour. Comme le dit l'apôtre Paul : « J'aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n'ai pas la charité, s'il me manque l'amour, je ne suis qu'un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante » (1 Co 13, 1). Tel est le langage, également dans cette école, que nous devons apprendre et pratiquer toujours plus. Cela nous est enseigné par l'Enfant Jésus, Dieu qui, par amour, s'est fait l'un de nous et nous parle tout d'abord à travers sa présence, à travers son humilité d'Enfant qui choisit d'être dépendant de notre amour. Ce langage rendra meilleurs notre ville et le monde.

 

Je vous bénis tous avec affection et avec reconnaissance pour ce que vous faites pour les pauvres, en vue de la construction de la civilisation de l'amour. Merci à vous tous. Bonnes fêtes et bonne année !

 

 

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 11:37

Extrait du discours du Pape Benoît XVI aux cardinaux et à la curie romaine, le 21 décembre 2009.

 

Pour terminer, je voudrais encore exprimer ma reconnaissance et ma joie pour mon voyage en République tchèque. Avant ce voyage, j'ai toujours eu conscience qu'il s'agissait d'un pays avec une majorité d'agnostiques et d'athées, où les chrétiens constituent désormais seulement une minorité. Ma surprise a été d'autant plus joyeuse en constatant que j'étais partout entouré d'une grande cordialité et amitié ; que de grandes liturgies étaient célébrées dans une atmosphère joyeuse de fête ; que dans le monde des universités et de la culture ma parole recevait une vive attention ; que les autorités de l'Etat ont fait preuve à mon égard d'une grande courtoisie et ont accompli tout leur possible pour contribuer au succès de la visite.

 

Je serais à présent tenté de dire quelque chose sur la beauté du pays et sur les magnifiques témoignages de la culture chrétienne, qui eux seuls rendent cette beauté parfaite. Mais je considère surtout important le fait que les personnes qui se considèrent agnostiques ou athées doivent également nous tenir à cœur en tant que croyants. Lorsque nous parlons d'une nouvelle évangélisation ces personnes sont peut-être effrayées. Elles ne veulent pas se voir comme faisant l'objet d'une mission, ni renoncer à leur liberté de pensée et de volonté. Mais la question de Dieu reste toutefois présente également pour elles, même si elles ne peuvent pas croire au caractère concret de son attention pour nous. A Paris, j'ai parlé de la recherche de Dieu comme du motif fondamental de la naissance du monachisme occidental et, avec celui-ci, de la culture occidentale. Comme premier pas de l'évangélisation, nous devons chercher à garder cette recherche vivante ; nous devons nous soucier que l'homme ne mette pas de côté la question de Dieu comme question essentielle de son existence. Nous devons nous soucier qu'il accepte cette question et la nostalgie qui se cache en elle. Il me vient à l'esprit une parole que Jésus reprend du prophète Isaïe, c'est-à-dire que le Temple devait être une maison de prière pour tous les peuples (cf. Is 56, 7 ; Mc11, 17). Il pensait à ce que l'on appelle la maison de prière pour toutes les nations, qu'il désencombra des activités extérieures pour qu'il y ait une place libre pour les païens qui voulaient prier là le Dieu unique, même s'ils ne pouvaient pas prendre part au mystère, auquel l'intérieur du Temple était réservé. Un espace de prière pour tous les peuples – on pensait avec cela à des personnes qui ne connaissent Dieu, pour ainsi dire, que de loin ; qui sont insatisfaites de leurs dieux, de leurs rites et de leurs mythes ; qui désirent le Saint et le Grand, même si Dieu reste pour eux le « Dieu inconnu » (cf. Ac 17, 23). Ils devaient pouvoir prier le Dieu inconnu, mais cependant être ainsi en relation avec le vrai Dieu, malgré des zones d'ombre de natures diverses. Je pense que l'Eglise devrait aujourd'hui aussi ouvrir une sorte de « parvis des Gentils », où les hommes puissent d'une certaine manière s'accrocher à Dieu, sans le connaître et avant d'avoir trouvé l'accès à son mystère, au service duquel se trouve la vie interne de l'Eglise. Au dialogue avec les religions doit aujourd'hui surtout s'ajouter le dialogue avec ceux pour qui la religion est une chose étrangère, pour qui Dieu est inconnu et qui, cependant, ne voudraient pas rester simplement sans Dieu, mais l'approcher au moins comme Inconnu.

 

En conclusion, encore une fois, quelques mots sur l'Année sacerdotale. En tant que prêtres, nous sommes à la disposition de tous : de ceux qui connaissent Dieu de près et de ceux pour qui Il est l'Inconnu. Nous devons tous le connaître toujours à nouveau et nous devons le chercher sans cesse pour devenir de véritables amis de Dieu. Comment pourrions-nous, en définitive, arriver à connaître Dieu, si ce n'est à travers les hommes qui sont les amis de Dieu? Le noyau le plus profond de notre ministère sacerdotal est d'être des amis du Christ (cf. Jn 15, 15), des amis de Dieu, par l'intermédiaire desquels d'autres personnes également peuvent trouver la proximité de Dieu. Ainsi, en même temps que mes profonds remerciements pour toute l'aide que vous m'avez apportée tout au long de l'année, voici mon vœu pour Noël : que nous devenions toujours plus des amis du Christ et donc des amis de Dieu et que, de cette manière, nous puissions être le sel de la terre et la lumière du monde.

 

Un Saint Noël et une bonne année nouvelle!

 

 

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 13:19

Extrait du discours du Pape Benoît XVI aux cardinaux et à la curie romaine, le 21 décembre 2009.

 

Comme je l'ai déjà dit, le thème dusynode désigne trois grandes paroles fondamentales de la responsabilité théologique et sociale : réconciliation — justice — paix. On pourrait dire que réconciliation et justice sont les deux présupposés essentiels de la paix et qu'ils définissent également dans une certaine mesure sa nature. Limitons-nous à la parole « réconciliation ». Un regard sur les souffrances et les difficultés de l'Histoire récente de l'Afrique, mais également dans de nombreuses autres régions de la terre, montre que les oppositions non résolues et profondément enracinées peuvent conduire, dans certaines situations, à des explosions de violence dans lesquelles tout sens d'humanité semble avoir disparu. La paix ne peut se réaliser que si elle conduit à une réconciliation intérieure. Nous pouvons considérer comme un exemple positif d'un processus de réconciliation en voie de réussite l'Histoire de l'Europe après la deuxième guerre mondiale. Le fait que depuis 1945, en Europe occidentale et centrale, il n'y a plus eu de guerre se fonde certainement de façon déterminante sur des structures politiques et économiques intelligentes et éthiquement encadrées, mais celles-ci n'ont pu se développer que parce qu'existaient des processus intérieurs de réconciliation qui ont rendu possible une nouvelle coexistence. Chaque société a besoin de réconciliation, afin qu'il puisse y avoir la paix. Les réconciliations sont nécessaires pour une bonne politique, mais ne peuvent être réalisées uniquement par celle-ci. Il s'agit de processus pré-politiques et ils doivent provenir d'autres sources.

 

Le synode a cherché à examiner en profondeur le concept de réconciliation comme devoir pour l'Eglise d'aujourd'hui, en attirant l'attention sur ses différentes dimensions. L'appel que Saint Paul a adressé aux Corinthiens possède véritablement aujourd'hui une nouvelle actualité. « Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c'est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20). Si l'homme n'est pas réconcilié avec Dieu, il est également en opposition avec la Création. Il n'est pas réconcilié avec lui-même, il voudrait être un autre que celui qu'il est et par conséquent il n'est pas non plus réconcilié avec son prochain. En outre, la capacité de reconnaître sa faute et de demander pardon — à Dieu et à l'autre — fait partie de la réconciliation. Et enfin, la disponibilité à la pénitence, la disponibilité à souffrir jusqu'au bout pour une faute et à se laisser transformer, appartient au processus de réconciliation. Et la gratuité, dont l'encyclique Caritas in veritate parle à plusieurs reprises, en fait partie : la disponibilité à aller au-delà du nécessaire, à ne pas faire de calculs, mais à aller au-delà de ce que demandent les simples obligations juridiques. Cette même générosité avec laquelle Dieu lui-même nous a donné l'exemple en fait partie. Pensons aux paroles de Jésus : « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande sur l'autel, si, là, tu te souviens que ton frère à quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l'autel, va d'abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande » (Mt 5, 23sq). Dieu qui savait que nous ne sommes pas réconciliés, qui voyait que nous avons quelque chose contre Lui, s'est levé et est venu à notre rencontre, bien que Lui seul ait été du côté de la raison. Il est venu à notre rencontre jusqu'à la Croix, pour nous réconcilier. Telle est la gratuité : la disponibilité à faire le premier pas. Aller les premiers à la rencontre de l'autre, lui offrir la réconciliation, assumer la souffrance que comporte le renoncement à avoir raison. Ne pas céder dans la volonté de réconciliation : c'est de cela que Dieu nous a donné l'exemple et c'est la façon de devenir semblables à Lui, une attitude dont nous avons toujours à nouveau besoin dans le monde. Nous devons aujourd'hui être en mesure d'apprendre à nouveau à reconnaître la faute, nous devons nous ôter l'illusion d'être innocents. Nous devons être en mesure d'apprendre à faire pénitence, à nous laisser transformer ; à aller à la rencontre de l'autre et à nous faire donner par Dieu le courage et la force pour un tel renouvellement. Dans notre monde d'aujourd'hui, nous devons redécouvrir le sacrement de la pénitence et de la réconciliation. Le fait que celui-ci ait en grande partie disparu des habitudes existentielles des chrétiens est le symptôme d'une perte de véracité à l'égard de nous-mêmes et de Dieu ; une perte, qui met en danger notre humanité et qui réduit notre volonté de paix. Saint Bonaventure était de l'opinion que le sacrement de la pénitence était un sacrement de l'humanité en tant que tel, un sacrement que Dieu avait déjà institué dans son essence immédiatement après le péché originel avec la pénitence imposée à Adam, même s'il n'a pu obtenir sa forme complète que dans le Christ, qui est de manière personnelle la force réconciliatrice de Dieu et qui a pris sur lui notre pénitence. En effet, l'unité entre faute, pénitence et pardon est l'une des conditions fondamentales de la véritable humanité, des conditions qui atteignent leur forme complète dans le sacrement, mais qui, à partir de leur racine, font partie du fait d'être des personnes humaines comme telles. Le synode des évêques pour l'Afrique a donc à juste titre inclus dans ses réflexions également les rituels de réconciliation de la tradition africaine comme lieux d'apprentissage et de préparation pour la grande réconciliation que Dieu donne dans le sacrement de la pénitence. Mais cette réconciliation requiert le vaste « espace » de la reconnaissance de la faute et de l'humilité de la pénitence. La réconciliation est un concept pré-politique et une réalité pré-politique, qui précisément pour cette raison est de la plus grande importance pour la tâche de la politique elle-même. Si l'on ne crée pas dans les cœurs la force de la réconciliation, le présupposé intérieur manque à l'engagement politique pour la paix. Lors du synode, les pasteurs de l'Eglise se sont engagés en vue de cette purification intérieure de l'homme qui constitue la condition préliminaire essentielle à l'édification de la justice et de la paix. Mais cette purification et cette maturation intérieure vers une véritable humanité ne peuvent pas exister sans Dieu.

 

 

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